L’accord budgétaire est douloureux, mais il ouvre la voie à une consommation plus réfléchie et raisonnée

Le message du nouvel accord budgétaire présenté par le gouvernement fédéral est sans équivoque : l’effort sera collectif. On comprend que cet accord passe mal auprès de la population, car il pèsera lourdement sur notre portefeuille. Pourtant, aussi pénible soit-il, il nous obligera à remettre en question nos habitudes de consommation.

Dès la conclusion des discussions budgétaires, le Premier ministre Bart De Wever a été clair : personne ne sera épargné. Au cœur de l’accord figurent des hausses d’impôts ciblées, notamment sur le gaz et certains biens de consommation. Ces nouvelles charges sont mal accueillies, surtout par ceux qui ont déjà du mal à boucler leurs fins de mois, comme les jeunes.

En outre, une tendance de fond est en train de s’installer. Cette pression fiscale n’est pas la conséquence d’un phénomène temporaire, mais d’un dysfonctionnement structurel. Il nous faut désormais apprendre à vivre avec cette réalité et faire preuve de créativité pour joindre les deux bouts. De manière inconsciente, cette évolution poussera sans doute les Belges à se tourner davantage vers des alternatives moins coûteuses. Dans le climat économique actuel, il devient indispensable de consommer de manière plus intelligente.

Pour les entreprises aussi, c’est une occasion unique de développer des modèles d’affaires durables et circulaires. Car « vert » ne rime pas forcément avec « plus cher ». Contrairement aux idées reçues, l’alternative écologique se révèle souvent la solution la plus avantageuse.

Pression sur le pouvoir d’achat

Dans ce contexte, les articles d’occasion et reconditionnés constituent des alternatives intéressantes à l’achat de produits neufs. Besoin d’une perceuse ? Alors la location est peut-être préférable à l’achat. À la recherche d’une nouvelle tenue ? On trouve aussi de beaux vêtements dans les friperies. Envie de remplacer un vieux smartphone ? Le choix ne manque pas en reconditionné. Un virage radical dans nos modes de consommation est devenu indispensable.

Ces solutions sont non seulement pratiques et moins chères, mais aussi plus écologiques. Le mot d’ordre est clair : consommer moins et plus intelligemment. Heureusement, la mentalité de nombreux consommateurs évolue. « Seconde main » ou « reconditionné » ne sont plus synonymes de « second choix ». Ce n’est désormais plus une exception ni une bizarrerie : c’est un choix intelligent.

La consommation circulaire n’est pas un luxe, mais une stratégie pour donner un coup de pouce au pouvoir d’achat. Il existe aujourd’hui suffisamment d’acteurs fiables qui peuvent garantir que le produit reconditionné a la même qualité qu’un appareil neuf. Prenons le cas d’un smartphone reconditionné : ses performances rivalisent avec celles d’un modèle neuf, sans en payer le prix fort – ni assumer l’empreinte écologique liée à sa fabrication.

Il n’est donc pas nécessaire de se priver de petits plaisirs comme une soirée cinéma ou un super festival. Car leurs prix vont aussi augmenter à cause des hausses de taxes de l’accord budgétaire. Et au final, tout le monde y gagne. Les jeunes se préoccupent généralement plus de durabilité. Les mesures rigoureuses de l’accord budgétaire ouvrent la voie à une gestion plus consciente des dépenses et encouragent un mode de vie plus durable.

L’occasion d’inventer de nouveaux modèles d’affaires

Lorsque le comportement des consommateurs change, les entreprises leur emboîtent souvent le pas et proposent des options durables. Le nouvel accord budgétaire leur donne même un incitatif supplémentaire. En effet, les mesures instaurent une déduction plus élevée pour les investissements dans des projets d’économie d’énergie. Les entreprises disposent ainsi d’un cadre financier attractif pour investir dans des projets circulaires financièrement viables.

Qu’il s’agisse de Patagonia et de son programme Worn Wear pour réparer et réutiliser les vêtements, ou des initiatives de reconditionnement chez Ikea, les programmes circulaires ont le vent en poupe. Ce qui ressemblait autrefois à un simple coup marketing est aujourd’hui un modèle économique à part entière. Les marques emprunteront de plus en plus cette voie dans les années à venir et bâtiront leur propre écosystème circulaire.

Tout le monde y gagne. Le client reçoit de l’argent ou une réduction en échange de vieux objets qui seraient de toute façon restés dans un placard ou – pire encore – auraient fini dans des décharges toujours plus grandes. En intégrant leurs produits aux filières de la seconde main et du reconditionné, les entreprises renforcent leur attractivité commerciale tout en affirmant leur engagement environnemental. Et la planète a, au passage, beaucoup moins de déchets – y compris électroniques – à absorber.

En résumé, le nouvel accord budgétaire peut sembler difficile à avaler, mais c’est aussi une opportunité de repenser nos habitudes d’achat et nos modèles de consommation. Une nouvelle façon de voir les choses, qui favorise un état d’esprit plus durable pour tous. Et ce faisant, nous protégeons à la fois l’avenir de notre économie et celui de l’ensemble de la planète.

Martine Hardeveld Kleuver, Country Lead Swappie Belgique & Pays-Bas

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