La zone euro ralentit : la Commission européenne révise à la baisse ses espoirs de croissance

C’était peut-être trop beau pour être vrai : alors qu’elle avait tablé en mai sur une production économique en hausse de plus de 1 % pour cette année, la Commission européenne déchante : la croissance de la zone euro s’essouffle.

Dans l’actu : La mise à jour des prévisions économiques de l’exécutif européen, publiée ce lundi.

  • Alors que la Commission tablait sur une hausse du PIB en zone euro de 1,1 % cette année, celle-ci ne devrait être que de 0,8 %.
  • Les attentes de croissance pour l’an prochain sont rabaissées à 1,3 %, contre 1,6 % auparavant.
  • L’inflation devrait, elle, continuer à baisser, pour atteindre les 5,6 % en zone euro cette année (au lieu de 5,8%), et les 2,9% en 2024, en ligne avec les projections du printemps dernier.
  • On s’inquiète surtout pour la première économie d’Europe, l’Allemagne, qui devrait connaître cette année une réduction de son PIB de 0,4 %, alors que la Commission anticipait en mai une croissance de 0,2 %. Pour l’année prochaine, la croissance économique allemande devrait également être moins soutenue, atteignant désormais 1,1% au lieu des 1,4% précédemment anticipés.
    • Parmi les cinq autres pays cités par la mise à jour de ce lundi, c’est l’Espagne qui s’en sort le mieux, avec une croissance de 2,2% prévue cette année.
    • Suivent la France (+1 %), l’Italie (+0,9 %), et les Pays-Bas (+0,5 %).

« L’Union européenne a évité une récession l’hiver dernier, ce qui n’est pas un mince exploit étant donné l’ampleur des chocs auxquels nous avons été confrontés. Cependant, les multiples vents contraires auxquels nos économies sont confrontées cette année ont conduit à une dynamique de croissance plus faible que celle que nous avions projetée au printemps. »

Paolo Gentiloni, commissaire européen à l’Économie
Prévisions économiques pour la croissance revues à la baisse. (Source : Commission européenne)
Dans les deux colonnes de gauche : la croissance attendue du PIB cet été en comparaison avec les prévisions du printemps
Dans les deux colonnes de droite : les prévisions pour l’inflation, celles mises à jour et celles de mai
(Source : Commission européenne)

Hausse des taux de la BCE

En cause : L’impact de l’inflation sur l’économie européenne est bien plus lourd que prévu.

  • « La faiblesse de la demande intérieure, en particulier la consommation, montre que des prix élevés pour la plupart des biens et services, qui continuent d’augmenter, pèsent plus lourdement que prévu dans les prévisions de printemps sur les consommateurs », écrit la Commission.
    • Et ce malgré la chute des prix de l’énergie et un marché du travail exceptionnellement dynamique, marqué par des taux de chômage au plus bas, une progression continue de l’emploi et une hausse des salaires.
  • La politique monétaire rigoureuse de la BCE est également à mettre en cause : la hausse des taux d’intérêt freine l’activité économique. Reste à voir ce qu’elle décidera pour sa réunion de ce jeudi, mais les signes montrent qu’elle pourrait continuer sur sa lancée et augmenter encore les taux.
  • Et comme la croissance et le commerce mondiaux ne changent pas beaucoup depuis le printemps, l’UE ne peut pas compter sur la demande des autres pays pour l’aider.
  • Mais il y a quand même un peu d’espoir pour l’année prochaine : les prix vont continuer à baisser, le marché du travail va rester solide et les revenus réels vont se remettre petit à petit.
    • L’énergie va coûter moins cher cette année, mais sans retomber à ses niveaux d’avant la guerre en Ukraine. L’année prochaine, elle coûtera en revanche un peu plus cher, à cause des sommets des prix du pétrole.

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