La Turquie pourrait réintégrer le programme F-35, mais un différend concernant l’achat d’un système de défense aérienne russe pose un problème


Principaux renseignements

  • La Turquie pourrait réintégrer le programme F-35 si elle résout le différend relatif à l’achat de son système de défense aérienne S-400 dans un délai de quatre à six mois.
  • Le retour potentiel de la Turquie nécessite le traitement des réclamations financières en suspens et une voie pour l’exploitation ou la compensation des avions F-35 précédemment financés.
  • La Turquie renforce parallèlement ses capacités aériennes en acquérant des Eurofighter Typhoon et en développant son propre chasseur furtif KAAN.

La Turquie pourrait bientôt rejoindre le programme d’avions de combat F-35, suite aux remarques de l’ambassadeur américain auprès de la Turquie, Tom Barrack. S’exprimant lors d’une conférence à Abu Dhabi, M. Barrack a laissé entendre qu’Ankara pourrait résoudre le différend concernant l’achat de systèmes de défense aérienne russes S-400 dans un délai de quatre à six mois. Cette question a constitué un obstacle majeur au retour de la Turquie dans le programme F-35.

Répondre aux préoccupations opérationnelles

M. Barrack a souligné que si la Turquie a répondu aux préoccupations concernant l’utilisation opérationnelle des S-400, le simple fait de conserver le système continue de poser des difficultés aux États-Unis. Il s’est dit optimiste quant à la possibilité de résoudre les questions en suspens dans les délais impartis, suggérant qu’Ankara s’apprête à renoncer au système russe.

La décision de la Turquie d’acquérir des S-400 il y a une dizaine d’années a entraîné sa suspension, puis son retrait du programme multinational F-35 Joint Strike Fighter, ainsi que des sanctions ciblées contre certaines parties de son secteur de la défense. Les États-Unis ont fait valoir que l’utilisation du système russe de défense aérienne avancée aux côtés du F-35 pourrait compromettre des données sensibles sur les capacités de l’avion. La Turquie a toutefois affirmé que le S-400 ne serait pas intégré dans la structure de commandement de l’OTAN et que des mesures techniques permettraient d’atténuer les risques potentiels.

Implications futures

Avant son retrait du programme, la Turquie prévoyait d’acquérir 100 avions F-35A Lightning II et avait investi environ 1,4 milliard de dollars dans le projet. Au moins quatre F-35A de configuration turque ont été produits mais n’ont jamais été transférés à la Turquie et ont depuis été absorbés par la flotte américaine.

Cette situation soulève des questions quant au sort des cellules existantes et aux coûts irrécupérables si la Turquie rejoint le programme. En outre, la participation de la Turquie à la chaîne d’approvisionnement industrielle du F-35 nécessite une nouvelle compréhension de la répartition des tâches et des commandes futures. Le délai de quatre à six mois mentionné par Barrack est considéré comme une fenêtre pour aborder ces questions : les S-400, les demandes financières en suspens et une voie potentielle permettant à la Turquie d’exploiter les F-35 ou d’être indemnisée pour ces appareils, tout en répondant aux préoccupations des alliés en matière de sécurité.

Bien que la question du F-35 reste en suspens, la Turquie a pris des mesures pour garantir les capacités de sa flotte de combat pour les dix prochaines années. En octobre 2025, le pays a signé un accord avec le Royaume-Uni d’une valeur de 8 milliards de livres sterling (9,15 milliards d’euros) pour 20 nouveaux Eurofighter Typhoons, dont la livraison est prévue vers 2030.

Renforcement des capacités aériennes

Le Typhoon offre des capacités avancées adaptées aux missions de supériorité aérienne et de frappe dans la profondeur. Pour la Turquie, il s’agit d’une plateforme mature dotée de solides capacités de guerre électronique et d’interopérabilité au sein de l’OTAN. En outre, la Turquie a envisagé d’acquérir des Typhoon d’occasion afin d’accélérer la formation des pilotes et l’expansion de la flotte.

Parallèlement à l’acquisition de l’Eurofighter, la Turquie développe son propre chasseur furtif de cinquième génération, le KAAN. Le KAAN a effectué son premier vol en 2024, et un premier lot de 20 appareils devrait être livré entre 2028 et 2029. La capacité opérationnelle totale est attendue au début des années 2030.

Équilibrer les plateformes nationales et alliées

Le retour potentiel de la Turquie dans le programme F-35 ne rétablirait pas simplement son plan d’acquisition initial, mais nécessiterait d’équilibrer trois capacités distinctes : une flotte de Typhoon, une ligne KAAN nationale et toute tranche future de F-35. Cette décision doit tenir compte des contraintes budgétaires et des exigences d’interopérabilité de l’alliance.

Si Ankara et Washington parviennent à prendre des décisions concrètes dans les délais proposés en ce qui concerne les S-400 et les cellules de F-35 précédemment financées, il pourrait en résulter une reconfiguration de la puissance aérienne turque, fermement ancrée dans l’OTAN. Cette approche combinerait des plates-formes nationales et alliées afin de préserver l’autonomie stratégique tout en renforçant les capacités aériennes de l’alliance dans les régions cruciales.

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