Malgré certaines mesures, la Suède, comme de nombreux autres pays, est toujours aux prises avec une inflation galopante, qui atteint environ 9 % dans le pays. Après les rumeurs qui ont circulé ces derniers jours, la Riksbank confirme une augmentation de ses taux d’intérêt de 100 points de base.
Il était généralement supposé que l’augmentation serait de 75 points de base, le pays suivant ainsi docilement la Banque centrale européenne. Mais il semble finalement que ce ne soit pas le cas. Après les spéculations antérieures concernant la Réserve fédérale américaine, la Suède décide d’adopter une approche plus agressive. Le taux directeur a été relevé de 100 points de base, passant de 0,75 % à 1,75 %, a annoncé la Riksbank dans un communiqué officiel.
Les enjeux
L’incertitude concernant les prix de l’énergie et d’autres coûts croissants ne cesse de croître en Suède. Surtout dans le sud du pays, où les prix de l’électricité ont triplé depuis la crise. Le revirement de la politique monétaire a mis à mal le marché immobilier en plein essor du pays, les prix des logements ayant commencé à baisser au début de l’année.
Une augmentation de 100 points de base fait de la Suède la deuxième grande économie à intervenir aussi fortement après le Canada. La Banque du Canada a déjà pris une telle mesure en juillet.
L’inflation actuelle de 9 % est le niveau le plus élevé depuis trois décennies dans la plus grande économie scandinave. Cela fait onze mois consécutifs que les prévisions de la banque centrale ne correspondent pas à la réalité du pays.
La Suède tire un trait sur une décision difficile
En réponse aux spéculations, le gouverneur Stefan Ingves a admis au début du mois que la sous-estimation de l’inflation pouvait être dangereuse et que de petites hausses des taux d’intérêt pourraient ne pas suffire.
Ce faisant, la Riksbank s’est trouvée confrontée à un dilemme qui circule dans de nombreux pays européens, à savoir : « Comment contenir l’inflation sans subir trop de dommages ? ». C’est particulièrement important pour la Suède, qui souffre d’un fort endettement des ménages et où plus de 40 % de tous les prêts hypothécaires sont liés à des taux d’intérêt ne dépassant pas trois mois.
Mattias Persson, économiste en chef de la Swedbank, pense que la hausse de 100 points de base des taux d’intérêt n’est pas une bonne chose pour M. Ingves et ses collègues. Selon lui, l’approche agressive nuit aux ménages qui repoussent désormais les dépenses importantes en raison de la pression croissante exercée sur les coûts énergétiques.
« L’économie est déjà en train de ralentir, surtout en ce qui concerne la consommation », a-t-il déclaré dans une interview à Bloomberg. « Nous avons également vu des entreprises comme Electrolux et Thule mettre en garde contre leurs bénéfices et annoncer des réductions de coûts. »
Cette décision pourrait aider la Riksbank à freiner la montée en flèche de l’inflation. Martin Floden, gouverneur adjoint de la banque centrale de Suède, a déclaré que la couronne est « beaucoup trop faible » et que la monnaie se redressera bientôt, en réponse à l’annonce que la Riksbank prend des mesures plus sévères que la BCE. « D’autre part, des hausses significatives des taux d’intérêt pourraient briser le marché du logement », ajoute-t-il.
Cette hausse des taux est la plus importante depuis l’introduction du régime actuel de la Riksbank, qui avait fixé un objectif d’inflation de 2 % dans les années 1990.
(JM)