La stratégie médiatique de l’Occident conduit à une approche très différente de la guerre en Ukraine

La tension entourant le renforcement des troupes russes aux frontières de l’Ukraine a été très forte ces derniers jours. Mais dans le même temps, il semble que les Russes soient soudainement partout : des rapports font état d’une activité accrue en mer Baltique, une grande flotte russe est en route pour la mer Noire et les Russes prévoient simultanément des exercices militaires au Belarus.

  • Ces rapports très détaillés sur les activités de la Russie ne sont en aucun cas une coïncidence : il s’agit d’une approche délibérée que l’OTAN et le président des États-Unis, ainsi que l’UE, suivent. Ils diffusent un maximum d’informations qu’ils obtiennent de leurs services secrets : photos de l’augmentation des déploiements de troupes, vidéos de ce que font les Russes, considérations stratégiques sur le nombre de soldats sur le terrain.
  • Cette campagne va assez loin. Le président américain Joe Biden a ouvertement déclaré qu’il s’attendait en fait à ce que Poutine attaque. Et les Britanniques ont même élaboré toute une théorie selon laquelle un homme de médias pro-russe, Yevgeny Murayev, deviendrait le nouveau larbin des Russes s’ils avaient besoin d’une marionnette après une intervention militaire. En Ukraine même, cela est considéré comme une absurdité.
  • Cette approche présente l’avantage que la Russie ne peut pas faire ce qu’elle a fait en 2014 en annexant la Crimée : il n’y a plus d’élément de surprise. Il n’est pas non plus possible de créer un prétexte politique, dans lequel l’Ukraine aurait aidé à provoquer l’agression ou l’aurait provoquée tout court.
  • Mais les inconvénients de cette approche, qui est très atypique (car qui donne toutes ses informations secrètes aux médias de cette manière ?) sont également très importants : elle provoque de nombreux bouleversements sur les marchés financiers internationaux, les bourses du monde entier étant touchées. Le seul avantage est que la bourse russe elle-même et le rouble sont également en forte baisse.
  • Et ce qui est encore plus inquiétant : cela montre aussi très clairement à quel point l’Occident est divisé dans ces tensions aux frontières de l’Europe. Face à ces menaces gigantesques, l’UE n’est toujours pas en mesure de mettre sur la table un ensemble de sanctions claires et dures. Et les États-Unis, avec Biden, semblent faire quelque chose, mais seuls : les options sont sur la table pour envoyer beaucoup de troupes supplémentaires, mais aussi des chars et des avions à la frontière orientale de l’OTAN.

La Première ministre estonienne lance un appel à l’aide

  • Le Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld) et son homologue néerlandais Mark Rutte ont dû le lire : la Première ministre estonienne Kaja Kallas lançant un appel dans le Financial Times, presque désespéré « de ne pas céder à la Russie« , et « de continuer à négocier en tant que bloc européen ».
  • De Croo et Rutte, comme Emmanuel Macron, sont des proches de Kallas, qui est considérée comme l’une des stars de l’ALDE, la famille politique libérale européenne. La Première ministre estonienne connaît De Croo depuis un certain temps et était également invitée au 175e anniversaire du libéralisme en Belgique, tout comme Rutte d’ailleurs.
  • Mais Kallas se sent sous pression, avec la Russie qui tend vers la guerre et qui pose des exigences concernant l’armement des États baltes, entre autres. Elle demande que les troupes de l’OTAN soient renforcées dans son pays et dans les autres États baltes. Et elle regarde aussi avec suspicion l’initiative de Macron d’entamer des discussions séparées avec la Russie. « Mais Macron est un vrai Européen, nous pourrions juste avoir des idées différentes sur la tactique à suivre », apaise-t-elle.
  • Jusqu’à présent, la Belgique s’est montrée très prudente dans son approche : des efforts militaires supplémentaires pour l’UE ou les alliés de l’OTAN ne sont pas encore sur la table. Même fournir des armes à l’Ukraine, ce que font les États-Unis et le Royaume-Uni, ne semble pas être une option.
  • Depuis l’opposition, Theo Francken (N-VA) a demandé que cela soit fait, ainsi que la suppression des effectifs militaires prévus pour le Mali, afin de les envoyer éventuellement à l’est.
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