La révolte des peuples occidentaux menace l’Europe

En Allemagne,la décision de Tafel, une banque alimentaire de la ville d’Essen, de cesser dedonner de la nourriture aux nouveaux inscrits étrangers parce que les migrantsforment maintenant la majorité de ses bénéficiaires, a suscité une vivepolémique. La chancelière allemande, Angela Merkel, s’est indignée contre cettediscrimination. Mais celle-ci dévoile une réalité dérangeante: ce sont lesAllemands les plus pauvres qui payent le prix fort de la politiqued’immigration du pays. 

Trois ansaprès que l’Allemagne a décidé d’accueillir plus d’un million de réfugiés, « unegrosse partie du fardeau de l’accueil de ces nouveaux venus est supportée parles citoyens allemands les plus pauvres, qui ont vu leur voisinage changer, etqui sont maintenant concurrencés pour obtenir des appartements subventionnés,des places d’école, et, dans le cas de la banque alimentaire, un repas gratuit »,écrit le New York Times.

1,2 millions de nouveaux immigrés en une année

L’Allemagne aaccueilli 1,2 million de réfugiés entre 2015 et 2016, et Essen, une ville de600.000 habitants de la vallée de la Ruhr, a vu sa communauté syriennepasser de 1.300 personnes en 2015 à presque 11.000. Il y a encore 3 ans, 1bénéficiaire sur 3 de la banque alimentaire était étranger. Mais à la fin dumois de novembre ce ratio est passé à 3 sur 4. Des écoles indiquent que 9 deleurs élèves sur 10 ne sont pas Allemands. Certains résidents locaux ressententde plus en plus de frustration de la montée du nombre d’étrangers dans leurquartier.

Certainesvilles, dont Cottbus et Freiberg, dans l’ex-Allemagne de l’Est, ou Delmenhorstet Salzgitter, à l’Ouest, ont pris des mesures pour tenter d’empêcher denouveaux migrants de s’y installer.

Outre les barrières de la langue et de laculture, beaucoup affirment qu’il y a aussi une barrière d’attitude. Lescitoyens allemands pauvres, généralement plus âgés, se retrouvent souventconfrontés à de jeunes hommes immigrés qui n’ont réussi à s’en sortir que parcequ’ils ont refusé de respecter les règles et qu’ils se sont battus, et leurvolonté peut sembler menaçante.

La hausse de l’intolérance, et des partis populistes

De fait, on a assisté à une montée del’islamophobie et de l’intolérance, dans la vallée de la Ruhr, une régionindustrielle allemande qui était auparavant très propice à l’intégration aucours des deux dernières années. Jeudi, unrapport publié par la Fondation Brost l’a traduite en chiffres. Il indiqueque 18 % des Allemands pensent qu’ils doivent faire autant d’efforts pourl’intégration que les nouveaux arrivants. En 2015, cette proportion était de 33%. 49% des résidents pensent qu’il est « assez difficile » pour les Allemands desouche de vivre avec les musulmans, et ils ne sont que 40 % à estimer que cen’est pas difficile.

L’étude explique ainsi la montée du partid’extrême droite Alternative für Deutschland (AfD) dans la région. Auxdernières élections du mois de septembre, il y a recueilli 17 % des suffrages,tandis que le SPD, autrefois le parti le plus fort, est tombé à son niveau leplus faible, 20 %. « Une vision extrêmement négative, haineuse de l’islam étaitdominante parmi les partisans de l’AfD », écrivent les auteurs notant que 80 %d’entre eux ont déclaré que vivre avec les musulmans était « difficile ».

L’Europe multiculturaliste est menacée

« En Italie après l’Allemagne, en Autriche après le Brexit: àchaque fois, l’immigration s’impose comme le thème majeur des élections. À chaquefois, elle déboulonne les sortants et offre la victoire aux formations les plusdéterminées à la combattre. Merkel puis Renzi sont les grandes victimes, l’AFDpuis la Ligue, les grands vainqueurs », écrit le chroniqueur Eric Zemmour dansunecolonne du journal français Le Figaro. Selonlui, la vague d’immigration à laquelle nous assistons en Europe est la « quintessence de l’idéologie de l’union européenne », qui juge « qu’une nation ne repose plus sur un peuple nisur une terre, mais sur des valeurs ; (…) que les hommes sontinterchangeables, simples producteurs et consommateurs sans passé, racines niidentité ».

Mais l’ascension des partis populistes dans plusieurs payseuropéens montrent que la grogne se renforce parmi le peuples occidentaux, etsuggère que le statu quo ne pourrait être maintenu : « À Bruxelles, on doitdésormais choisir: défendre les fameuses «valeurs» ou subir les coups de bélierdes peuples. C’est une question de vie ou de mort. Pour l’Europe, mais aussipour les nations qui la composent. Lamartine disait: ‘Toutes les fois qu’unethéorie est en contradiction avec le salut d’une société, c’est que cettethéorie est fausse ; car la société est la vérité suprême.' »

Et en Belgique ?

Récemment, dansune tribune du même journal, le sénateur et député bruxellois MR AlainDestexhe s’était lui aussi inquiété de la forte immigration en Belgique: « En 30 ans, [de 2000 à 2010] comme laFrance, la Belgique s’est transformée en profondeur. Sans débat public, elleest devenue un pays d’immigration massive accueillant plus d’un million depersonnes en dix ans dans un pays de 10 millions d’habitants. (…)Pourtant,cette réalité statistique a été cachée à la population ». 

Comme Zemmour, Destexhe y voit lereflet de l’adhésion à une idéologie multiculturaliste de nos élites: « Les élites qui décident de ce dont onpeut parler se sont bien gardées de mettre en évidence des chiffres quin’auraient pu qu’alarmer une population dont on exige maintenant qu’elles’adapte hic et nunc à cette nouvelle donne. Il ne faut y voir ni grand complot, ni l’œuvred’un Big Brother, mais, au mieux, une adhésion enthousiaste de ceux quiprétendent forger l’opinion au grand rêve multiculturaliste ou, au pire, à lamise en œuvre de puissants mécanismes de défense relevant de la psychologie,comme la sublimation (de la diversité), le déni (de la réalité) ou lerefoulement (de ce qui dérange) ».

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