Principaux renseignements
- Le Parlement salvadorien a supprimé la limitation du nombre de mandats présidentiels, ce qui permet au président Nayib Bukele de gouverner indéfiniment.
- Cette réforme controversée consolide le pouvoir de Bukele et suscite des inquiétudes quant à l’érosion de la démocratie dans ce pays d’Amérique centrale.
- Malgré sa popularité dans la lutte contre la criminalité, l’administration de Bukele est accusée de violation des droits de l’homme et de répression de la dissidence.
Le Parlement salvadorien a adopté une réforme constitutionnelle controversée, éliminant la limitation du nombre de mandats présidentiels et ouvrant la voie au maintien au pouvoir du président Nayib Bukele pour une durée indéterminée. Le parti de Bukele, Nuevas Ideas, détient une forte majorité à l’Assemblée législative, ce qui lui a permis d’approuver rapidement les changements malgré l’opposition d’une petite minorité de législateurs, rapporte AFP.
Inquiétudes concernant l’érosion démocratique
La réforme prolonge les mandats présidentiels de cinq à six ans et supprime l’obligation d’un second tour pour les élections. Cette mesure consolide le contrôle de Bukele sur le pays d’Amérique centrale, qu’il dirige depuis 2019. Sa réélection en 2024 avec un soutien écrasant fait suite à une décision de la Cour suprême qui lui a permis de contourner les restrictions existantes sur les mandats consécutifs.
Les critiques ont condamné les réformes en les qualifiant d’antidémocratiques et d’atteinte aux principes d’un système politique équilibré. La législatrice de l’opposition Marcela Villatoro a fait part de ses inquiétudes, déclarant que « la démocratie est morte » au Salvador avec l’adoption de ces changements.
Les préoccupations en matière de droits de l’homme au milieu de la popularité
Si Bukele jouit d’une grande popularité en raison de sa fermeté à l’égard des gangs criminels, qui a permis de réduire considérablement les niveaux de violence, son administration a également fait l’objet d’accusations de violations des droits de l’homme et de répression de la dissidence. Les groupes internationaux de défense des droits ont exprimé leur inquiétude face aux rapports de répression ciblant les activistes et les critiques du gouvernement, ce qui a conduit à l’exil de nombreux journalistes et militants.
Miguel Montenegro, directeur de la Commission des droits de l’homme du Salvador, a qualifié les réformes de « déséquilibre total » dans la démocratie du pays. Les changements ont également synchronisé les élections législatives, présidentielles et municipales, raccourcissant de deux ans le mandat présidentiel actuel. Les élections générales sont désormais prévues pour mars 2027.

