En fait, c’est exactement ce contre quoi les petits pays de l’UE, y compris le Premier ministre Alexander De Croo (Open Vld), avaient mis en garde : ne transformez pas la guerre commerciale avec les États-Unis autour de leur « Inflation Reduction Act » en une guerre intérieure. Mais c’est précisément ce que fait la présidente allemande de la Commission, Ursula von der Leyen, qui a présenté son plan ce mercredi, le “Green Deal Industrial Plan for Net-zero Age ».
- Dans le cadre du programme d’aide du gouvernement du président américain Joe Biden, les États-Unis disposent de centaines de milliards de dollars (369 milliards au total) pour soutenir l’industrie « verte ». Ces dernières semaines, des entreprises européennes ont été très sollicitées pour être délocalisées outre-Atlantique.
- La réponse de l’Europe est un nouveau paquet d’argent : quelque 270 milliards, qui serait injecté dans le fonds européen d’aide aux États. Mais surtout, la Commission veut commencer à assouplir les règles relatives aux aides d’État nationales en Europe. Et cela fait évidemment le jeu de ceux qui ont les poches les plus larges : l’Allemagne et, dans une moindre mesure, la France. Ceux-ci peuvent brandir leurs milliards pour commencer à soutenir leurs industries nationales, dans la guerre contre les États-Unis.
- L’Italie a rappelé que 77 % des aides d’État approuvées dans le cadre de la crise énergétique actuelle sont « concentrées dans deux États membres » – la France et l’Allemagne.
- Les pays européens les plus pauvres risquent certainement de devenir les victimes de toute cette guerre commerciale : ils n’ont pas l’argent nécessaire pour commencer à agiter les aides gouvernementales. Leur industrie va bientôt se déplacer de toute façon, que ce soit en Allemagne ou en France. Le risque évident, c’est la fragmentation du marché intérieur de l’Europe.
- En contrepartie, un nouveau fonds remplis d’emprunts obligataires communs doit voir le jour. Mais l’Allemagne n’en veut pas. Olaf Scholz a rappelé que « 80% des 700 milliards d’euros destinés à la relance post-pandémie n’ont pas encore été dépensés. » Le financement du soutien supranational est donc très incertain. Ce ne serait que du recyclage d’argent des anciens fonds. Les petits États membres seraient alors perdants sur toute la ligne. À moins qu’ils ne se rebiffent contre l’Allemagne, la France et la Commission. Affaire à suivre.