« La presse papier n’a plus que 10 ans à vivre » a déclaré Mark Thompson, le PDG du New York Times, sur la chaîne américaine CNBC. Un constat qui fait écho au lourd bilan écologique que représente la production quotidienne de la presse papier en Belgique.
« J’aimerais que le journal imprimé survive aussi longtemps que possible, mais le jour viendra où une version papier n’aura plus de raison d’être d’un point de vue économique ». « Le plus important est que nous passons maintenant du papier au numérique. Ce n’est que lorsque nous aurons une entreprise totalement numérique que nous deviendrons un média d’information prospère et en pleine croissance et cela même après la disparition du journal imprimé », a déclaré le Britannique qui a été à la tête de la BBC pendant plusieurs années.
La nouvelle génération de lecteurs est en effet numérique, a ajouté M. Thompson, qui a également indiqué que plus de 157.000 personnes avaient souscrit un abonnement en ligne durant le dernier trimestre. Et bien que les abonnements au journal imprimé restent assez constants, une légère baisse se fait ressentir.
Depuis que Thompson est arrivé à la tête du New York Times, celui-ci est devenu le premier journal au monde avec plus d’un million d’abonnés exclusivement numériques.
Il a admis que l’élection de Trump avait été bénéfique au média mais il a souligné que ce n’était non pas l’arrivée du président mais « l’affaire Harvey Weinstein » qui avait été l’histoire la plus importante de l’année 2017 pour le journal.
© Gustavo Caballero/Getty Images for The New York Times International Luxury Conference
Le lourd bilan écologique
Le fait que les ventes de journaux aux États-Unis soient en baisse, tout comme en Belgique, ne surprendra personne. Par exemple: pour les groupes de presse flamands, qui font encore tourner leurs imprimeries grâce aux généreuses subventions gouvernementales, le coût est aussi écologique.
En 2015, le média en ligne Apache et le magazine Charlie ont calculé que près de la moitié (48,9%) des 225.000 journaux proposés quotidiennement dans les marchands de journaux, les stations-service et les supermarchés ne sont jamais vendus en Flandre.
Jour après jour, à l’exception des dimanches, 110.000 journaux sont ainsi jetés sans être ouverts. Si on les empile, on obtiens chaque jour une pile de journaux de 550 mètres de haut qui est envoyée à la poubelle. À l’année, cela représente plus de 34 millions de journaux imprimés inutilement.
L’impact écologique de ce gaspillage de papier est énorme mais ce n’est pas tout. Les magazines et les journaux hebdomadaires et mensuels sont également imprimés. Par exemple, les 7.505 tonnes de journaux non ouverts contiennent à elles seules environ 157 tonnes d’encre. Soit environ 150.000 litres.
Et last but not least, il y a le transport. Des quotidiens et des hebdomadaires sont distribués dans 3.000 points de vente répartis dans toute la Flandre. Chaque jour, selon le directeur des opérations et de l’organisation de l’AMP, Rolf Vermeulen, 250 camions parcourent 25.000 kilomètres pour acheminer environ 200 tonnes de journaux et de magazines jusqu’à leur destination. Ce qui représente une émission quotidienne de 25 tonnes de CO2 – très soigneusement estimée. Chaque année, environ 900 hectares de forêt sont nécessaires pour que ces émissions soient rejetées dans l’air. À titre de comparaison, la forêt de Soignes s’étend sur 4.421 hectares.
© Sophie Lodewijks