La politique nataliste italienne : des terres gratuites contre un 3ème enfant

En Italie, le gouvernementde coalition composé du parti d’extrême droite de la Lega deMatteo Savini, et du parti populiste, le Movimento 5 Stelle de LuigiDi Maio, a proposé que les parents qui ont un troisième enfantentre 2019 et 2021 reçoivent des parcelles de terres agricolesdétenues par l’Etat pour une durée de 20 ans.  

Le gouvernement souhaite inciter les femmes à avoir plus d’enfants en offrantaux familles des parcelles agricoles gratuites. Il s’agit d’uneinitiative qui vise à accroître le taux de natalité en baisse dupays, un des plus bas d’Europe, souligne le quotidien britannique TheIndependent.

Politique néo-médiévale

Selon les critiques, ils’agirait d’une mesure néo-médiévale qui rappelle les efforts dudictateur fasciste italien Benito Mussolini visant à stimuler lapopulation italienne durant entre 1920 et 1930.

Le plan « Des terrespour les enfants », œuvre du parti populiste de la Lega deMatteo Savini, a été inclus au budget italien.

« On entend dire queles Italiens ont peu d’enfants et qu’il faut faire quelque chose pourrenverser la tendance », a déclaré le ministre italien del’Agriculture, Gian Marco Centinaio. « C’est la raison pourlaquelle le ministère veut apporter sa contribution principalementaux zones rurales où les personnes ont encore des enfants. »

Outre le fait de se voirattribuer gratuitement des terres étatiques pendant 20 ans, lesparents qui ont un troisième enfant entre 2019 et 2021 se verrontégalement proposer des prêts à taux zéro d’un montant maximal de200.000 euros s’ils choisissent d’acheter leur première maison àcôté de leur nouvelle propriété.

Scepticisme

Mais nombreux sont lespolitiques qui ont fait part de leurs doutes quant à l’efficacitéde cette mesure. Pour Gianni Pittella, sénateur del’opposition, il s’agit d’une proposition néo-médiévale. « Lespolitiques qui soutiennent le taux de natalité et les familles sontles bienvenues. Toutefois, il serait préférable d’appliquer selonl’ordre juridique italien les mesures relevant du pilier socialeuropéen telles que les congés pour les pères et pour les mères. »

Selon Chiara Gribaudo,députée d’opposition, le gouvernement d’extrême droite italienfait un retour en arrière à l’époque de Mussolini. En 1928 et1932, le dictateur italien fit assécher plus de 20.000 ha des maraispontins, à 60 km au sud de Rome et les fit remettre en culture pourencourager les familles à revenir dans le pays. « Il s’agitd’une mesure terrifiante qui témoigne de l’approche culturelle etsociale de ce gouvernement« , a déclaré Gribaudo.

Selon Laura Boldrini,autre députée d’opposition, les familles ont besoin demeilleurs emplois et non pas de terres distribuées. « Cela devrait être une garantie pour les familles et pour les femmes, qu’elleschoisissent ou pas d’avoir un troisième enfant. »

Selon le quotidien degauche Il Fatto Quotidiano, il s’agit d’une proposition faite dans le vent qui relève en même temps de quelque chose deromantiquement soviet.

En 2017, on a comptabiliséseulement 464.000 naissances en Italie, ce qui constitue une chute de2% par rapport à l’année précédente et un creux sans précédent,rappelle The Independent.

Selon Coldiretti,organisation italienne d’agriculteurs, l’Etat italien détient undemi-million de terres agricoles, soit environ 4% du total des terresdu pays. La valeur des terres détenues par l’Etat est de 8,6milliards d’euros.

Il s’agit de terresfertiles qui la plupart du temps ne sont pas utilisées car ellesmanquent d’une gestion entrepreneuriale qui se charge de lesaméliorer de manière adéquate, a expliqué l’organisation.

Toutefois, selon certainsrapports, la majorité de ces terres publiques sont constituées deparcelles qui ne produisent rien. Ellesne  seraient donc pas intéressantes pour lesfamilles souhaitant se refaire une nouvelle vie d’agriculteurs.  

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