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La pirouette de l’Allemagne pour que son bouclier à 200 milliards ne creuse pas la dette ne plaît pas du tout à sa Cour des comptes

La pirouette de l’Allemagne pour que son bouclier à 200 milliards ne creuse pas la dette ne plaît pas du tout à sa Cour des comptes
Le chancelier allemand Olaf Scholz et le ministre des Finances Christian Lindner. (Abdulhamid Hosbas/Anadolu Agency via Getty Images)

Ce jeudi, Berlin a annoncé le déploiement d’un bouclier de 200 milliards d’euros. Objectif : plafonner les prix du gaz et de l’électricité. Sa date d’entrée en vigueur et ses détails ne sont pas encore connus, mais le subterfuge proposé par le gouvernement allemand pour que cette manœuvre n’aggrave pas la dette fédérale ne plaît pas du tout à la Cour des comptes.

Devenu ministre des Finances en décembre de l’an dernier, Christian Lindner avait fait le vœu de revenir au respect de la règle du frein à l’endettement. Jusqu’à l’inscrire fin juin dans la Constitution pour le budget 2023. Forcément, cet objectif ne passe pas par l’inscription de (grosses) nouvelles dettes dans le budget fédéral.

Or, initialement, tout portait à croire que ce bouclier à 200 milliards d’euros creuserait un peu plus la dette allemande. Mais le gouvernement a trouvé la parade : cette dette liée au plafonnement des prix du gaz sera classée dans un fonds de stabilisation économique qui ne fait pas partie du budget ordinaire.

Cette pirouette, a expliqué jeudi Christian Lindner, permet de « séparer clairement les dépenses de crise de notre gestion budgétaire ordinaire ». Il a profité de l’occasion pour rappeler que le gouvernement restait attaché à une politique budgétaire conservatrice visant à limiter l’inflation, qui devrait atteindre 10% en Allemagne.

« Nous voulons envoyer un signal très clair aux marchés financiers : même si nous utilisons maintenant un tel parapluie défensif, l’Allemagne s’en tiendra à sa politique budgétaire axée sur la stabilité et la durabilité », a ajouté le ministre allemand des Finances.

La Cour des comptes n’est pas dupe

La réaction de la Cour des comptes allemande ne s’est pas fait attendre. Pour son président, Kay Scheller, il s’agit ni plus ni moins d’une tromperie. « Les fonds spéciaux créent de la non-transparence. Ils obscurcissent la vérité et la clarté budgétaires », a-t-il déclaré à Politico. « Lorsque l’argent est prélevé sur des fonds spéciaux, l’État doit emprunter. En fin de compte, les fonds spéciaux, même s’ils ne sont pas appelés ainsi, sont une dette fédérale. »

Selon Kay Scheller, comme l’endettement ordinaire, l’endettement via des fonds spéciaux risque d’augmenter l’inflation. Contraire, donc, aux objectifs martelés par Christian Lindner.

En plus de ce bouclier à 200 milliards, le gouvernement allemand avait déjà mis en place un fonds spécial de 100 milliards d’euros pour la modernisation des forces armées ainsi qu’un fonds climatique de 60 milliards d’euros.

« Cela nous amène à environ 360 milliards d’euros de nouvelles dettes rien que cette année », n’a pas manqué de dénoncer Friedrich Merz, président du CDU, dans l’opposition.

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