La nouvelle politique d’immigration japonaise ne dit pas son nom

Alors que de nombreux dirigeants occidentaux tentent de mettre en place des barrières à l’immigration, le Japon se dirige dans la direction opposée. Le pays va commencer à délivrer des visas aux travailleurs invités non qualifiés. Cette mesure, unique dans l’histoire du Japon, entrera en vigueur au début du mois d’avril. L’initiative doit aider le pays à mettre un terme à des années de pénurie de main-d’œuvre.

Vieillissement

Le nombre de travailleurs étrangers au Japon a déjà doublé au cours des cinq dernières années. Ces travailleurs étrangers entrent au Japon grâce à des visas pour étudiants et stagiaires. A partir du mois d’avril, la portée d’entrée au Japon s’ouvrira encore plus grâce à l’introduction de la nouvelle mesure.

Le Japon espérait compenser des années de pénurie d’employés grâce à une plus grande implication des femmes, à une augmentation de l’âge de la retraite et à une utilisation accrue des robots. Toutefois, les politiciens japonais ont compris que ces mesures ne suffiraient pas.

La main-d’œuvre japonaise vieillit fortement, explique Bloomberg. La main-d’œuvre âgée du Japon devrait diminuer de 23% au cours des 25 prochaines années. Pour un certain nombre de postes importants, on compte déjà trois fois plus de vacances que de candidatures. Dans le secteur de la santé, le Japon aura besoin de 550.000 employés supplémentaires d’ici 2025.

Selon Atsuko Abe, politologue à l’université Oberlin de Tokyo, le gouvernement japonais n’avait plus le choix.

Le nouveau programme de visas accordera des permis de résidence d’une durée de cinq ans à quelque 345.000 travailleurs peu qualifiés au cours des cinq prochaines années. Les autres critères pour l’obtention de ces permis n’ont pas été précisés. Cependant, les candidats qui passent un test linguistique et un examen technique pourront renouveler leur permis indéfiniment et faire venir leur famille au Japon.

Changement

Gabriele Vogt, expert en immigration à l’Université de Hambourg, a déclaré que le Japon pouvait tirer des leçons de l’expérience allemande en matière de travailleurs invités. « Depuis le milieu du siècle dernier, l’Allemagne a invité des millions de travailleurs temporaires de Turquie et de Yougoslavie à combler ses pénuries sur le marché du travail », explique Vogt. « De nombreux immigrants ont continué à vivre en Allemagne et à y fonder une famille. La même chose se passera au Japon. Un immigrant est plus qu’une simple force de travail. »

Selon les détracteurs, cette mesure est un moyen d’importer de la main-d’œuvre bon marché provenant de pays plus pauvres. Les programmes antérieurs pour les travailleurs temporaires ont révélé d’importants abus.

Les Japonais s’opposent peu à la nouvelle mesure. Cela tient peut-être au fait que les dirigeants politiques japonais ont minimisé son importance. Le Premier ministre Abe a déclaré que le nouveau programme de visas ne faisait pas partie d’une politique d’immigration car les travailleurs étrangers ne resteront pas.

Selon Jeff Kingston, directeur des études asiatiques à la Temple University de Tokyo, le Japon est en train de devenir une société multiethnique à certains égards. Toutefois, le pays nie cette réalité.

Le changement démographique du Japon s’observe déjà clairement à Tokyo. Un jeune sur huit ayant atteint l’âge de la majorité est de nationalité étrangère. Dans le district de Shinjuku, où se trouve également l’hôtel de ville, 46% des jeunes de 20 ans sont originaires d’autres pays. Ils viennent principalement du Vietnam et de Chine.

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