La monnaie locale la plus populaire en Europe est française

En octobre, l’eusko, une monnaie locale du pays basque français, a franchi un jalon symbolique, celui du million en circulation. Elle est désormais la plus utilisée en Europe. 

L’eusko est aligné sur l’euro et vaut un euro. Au mois d’octobre, on en dénombrait un million, un cap jamais atteint par aucune autre monnaie locale européenne. L’eusko est maintenant plus utilisé que la Bristol Pound britannique (780 000 en circulation dans la ville anglaise éponyme), ou le Chiemgauer allemand (dont l’équivalent de 648 000 euros circulent dans le Lander de Bavière).

Stimuler l’économie locale

Créé en 2013 par l’association Euskal Moneta (‘Monnaie basque’), l’eusko avait pour objectif de stimuler l’économie locale en favorisant le commerce de proximité. Désormais, 3000 particuliers, 770 entreprises et 158 communes du pays basque français y ont adhéré. Tous se sont acquittés d’une cotisation annuelle leur permettant d’ouvrir un compte dans la devise locale, qu’ils ont approvisionné en et d’obtenir une carte de paiement utilisable dans les commerces participants. De même, la fermeture d’un compte en euskos est assortie d’une commission de 5 % sur les encours reconvertis en euros. 

60 % des euskos en circulation le sont sous forme numérique ; le solde l’est en billets. Pour se procurer ces billets, les adhérents doivent se rendre dans un bureau de change participant et faire un chèque en euro, ou verser des espèces, ou encore effectuer un retrait sur leur compte eusko qu’ils auront préalablement approvisionné. Chaque mois, plus de 40 000 euskos sont crédités de cette manière sur ces comptes, et le montant des transactions réglées dans cette monnaie en un an se monte à 3 millions d’euros. 

Actuellement, les frais de gestion sont financés pour moitié par les cotisations des adhérents, et pour une autre moitié par des subventions publiques et d’autres contributions. Mais l’association Euskal Moneta souhaite gagner son autonomie financière d’ici à 2021.

Nationalisme basque

Mais selon ses fondateurs, il ne s’agit pas d’une initiative nationaliste, mais plutôt d’une volonté de « mobiliser des sphères différentes, que l’on connecte entre elles ». Mais l’identité basque n’échappe pas à ses utilisateurs, comme le suggère Pantxika Heguiaphal, l’employée d’une boulangerie de Bayonne : « Si quelqu’un me paye en eusko, je lui parle en basque, ça crée un lien évident ».

D’ailleurs, de l’autre côté de la frontière avec l’Espagne, au País Vasco, le pays basque espagnol, on utilise l’ekhi, une autre monnaie alternative sous forme de tickets, dans la ville de Bilbao. Compte tenu de la familiarité des Basques espagnols avec le concept de monnaie locale, et de la proximité qu’ils entretiennent avec les Basques français, il n’est pas exclu que l’eusko y soit adopté prochainement.

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