324 voix contre, 312 voix pour. La tentative portée par les conservateurs du PPE qui visait à rejeter la Loi européenne sur la restauration de la nature est passée à la trappe. La Loi va pouvoir poursuivre son chemin législatif.
Ce fut très tendu jusqu’à la fin. À Strasbourg, une majorité de députés européens n’a finalement pas rejeté la Loi de la restauration de la nature. Ce texte a déchaîné les passions, car certains estimaient – et ce fut le cas du Président Macron et du Premier ministre Alexander De Croo – qu’on ne pouvait pas mener toutes les luttes écologiques en même temps. Comprenez : d’abord la lutte contre les émissions de CO2, et mettre « sur pause » cette loi qui vise à préserver et renforcer la biodiversité sur le Vieux Continent.
Une nécessité économique selon les détracteurs de la loi, dont la priorité était de soutenir entreprises et agriculteurs dans la nécessaire transition vers un continent plus durable. Les conservateurs du PPE ont tenté de rallier un maximum de députés à eux, s’alliant avec le groupe d’extrême droite (ECR) et cherchant à convaincre un maximum de libéraux.
Face à eux, le groupe des verts, bien sûr, mais aussi les socialistes et la gauche radicale. C’est finalement cette alliance qui a remporté la mise.
Un débat belgo-belge
La division était aussi apparente chez nous. Pendant longtemps, Les Engagés ont sous-entendu qu’ils soutiendraient le texte en adoptant la ligne du PPE, groupe auquel ils appartiennent.
Mais un revirement de situation de dernière minute a eu lieu. Le député européen Benoît Lutgen a finalement plié face à la pression, tout en demandant de soutenir « ses » amendements, notamment « un financement suffisant » pour les agriculteurs. Son président, Maxime Prévot, a annoncé le changement de cap quelques minutes avant le vote : « La ligne du PPE n’est pas la nôtre. Benoît Lutgen votera contre le rejet du texte afin que le débat puisse se poursuivre et que les divers amendements soient soumis et votés afin d’améliorer encore le texte et en faire un véritable outil en faveur de la biodiversité ».
Un débat interne anecdotique ? Pas vraiment, dans la mesure où « chaque voix compte » s’est réjouie la ministre fédérale du Climat, Zakia Khattabi (Ecolo). Et elle avait bien raison.
Et maintenant ?
Dans la foulée, la Loi a été adoptée avec 336 voix pour, 300 contre et 13 abstentions. Un texte toutefois largement amendé et forcément affaibli. Les amendements portés par Benoît Lutgen ont notamment été adoptés.
Le chemin est encore long, dans la mesure où la proposition de la Commission validée par le Parlement doit maintenant être entérinée par le Conseil européen. Une étape toute aussi décisive.