Ces derniers mois, les relations entre la Lituanie et la Chine se sont sévèrement tendues. L’ouverture à Vilnius d’un bureau de représentation de Taïwan a été très mal accueillie par Pékin. Le petit État balte en subit les conséquences. Et il appelle l’UE à en prendre conscience.
Cet été, la Lituanie a accueilli sur ses terres un bureau de représentation de Taïwan. Une ambassade qui ne dit pas son nom. En 18 ans, c’est la première fois que l’île qui porte encore le nom officiel de République de Chine est représentée au sein de l’Union européenne. Autant dire que ça n’a pas plu du tout à Pékin. La Chine considère Taïwan, gouvernée démocratiquement, comme son propre territoire: elle s’irrite rapidement face aux initiatives qui pourraient suggérer que l’île est un pays distinct.
Le courroux chinois est d’autant plus fort que, plus tôt cette année, la Lituanie a déjà défié la Chine, en se retirant du mécanisme de dialogue « 17+1 ». Une initiative qui permet à Pékin d’entretenir des relations commerciales avec 17 pays d’Europe centrale et orientale. Et qui est vue par les États-Unis comme un effort pour diviser la diplomatie européenne. Un argument repris à son compte par la Lituanie pour justifier son départ, qualifiant ce forum de coopération de « diviseur ».
Appel à l’UE face aux sanctions chinoises
Immédiatement, la Chine a menacé la Lituanie de sanctions. Et presque aussi rapidement, elle s’est exécutée. Elle a rappelé son ambassadeur à Vilnius, tout en priant l’ambassadrice lituanienne à Pékin de faire ses valises.
Dans la foulée, les sanctions économiques sont tombées. Les premières de la part de la Chine à l’égard d’un État membre de l’Union européenne. Ce qui va jusqu’à faire peser un risque sur la croissance économique lituanienne.
Cette semaine, profitant de sa participation à un forum sur la sécurité à Washington, le vice-ministre lituanien des Affaires étrangères Arnoldas Pranckevičius a lancé un nouvel appel à l’Union européenne. Celle-ci doit voir dans le traitement de défaveur réservé à l’État balte un aperçu de ce qui arrive quand un pays du bloc tâche, tout seul, de ne pas être trop conciliant vis-à-vis de la Chine.
« Je pense qu’il s’agit d’un signal d’alarme à bien des égards, en particulier pour les autres Européens qui doivent comprendre que si vous voulez défendre la démocratie, vous devez vous lever pour elle », a-t-il déclaré.
« La Chine essaie de faire de nous un exemple – un exemple négatif, afin que les autres pays ne suivent pas nécessairement cette voie, et c’est donc une question de principe que de savoir comment la communauté occidentale, les États-Unis et l’Union européenne réagissent », a ajouté M. Pranckevičius.
« Pour être crédibles, nous devons parler de manière unie et cohérente »
Face à la détérioration de ses relations avec la Chine, la Lituanie s’est lovée dans les bras des États-Unis. Les deux pays ont convenu d’une « action bilatérale coordonnée » pour aider Vilnius à résister aux pressions de Pékin. Ce rapprochement mène la Lituanie à demander à l’Europe d’elle aussi raffermir ses liens avec les USA, tout en refroidissant ceux avec la Chine.
Pour que l’Europe soit crédible dans le monde et en tant que partenaire des États-Unis, elle doit « se ressaisir vis-à-vis de la Chine », a déclaré M. Pranckevičius.
Selon le haut responsable lituanien, l’Europe doit faire bloc face à la Chine. Laisser perdurer l’initiative 17+1 constituerait donc mauvais exemple. « Nous devons parler de manière unie et cohérente, car sinon nous ne pouvons pas être crédibles, nous ne pouvons pas défendre nos intérêts et nous ne pouvons pas avoir une relation égale avec Pékin », a-t-il expliqué.
Par ailleurs, le vice-ministre lituanien a tenu à insister que le retrait de son pays du mécanisme 17+1 était surtout un acte « pro-européen », et non « anti-Chine ».