La Libra en opération séduction en Belgique

Un directeur de la Libra Association, la fondation qui encadre la monnaie virtuelle initiée par Facebook, a expliqué ses intentions devant le monde de la fintech belge, mercredi… Sans prononcer une seule fois le mot ‘Facebook’.

Julien Le Goc, Libra Association.

En juin dernier, Facebook a présenté un plan ambitieux pour sa cryptomonnaie, la Libra. Mais ce projet a essuyé pas mal de critiques de la part du monde politique, mais aussi de la part des régulateurs. L’inquiétude portait surtout sur la maison-mère, Facebook, accusée de prendre trop de place. Un lancement rapide de la Libra est d’ailleurs maintenant tout à fait hypothétique.

Le premier gros coup dur est venu de ses partenaires qui ont abandonné leur collaboration: Paypal, Visa et Mastercard ont tous fait un pas de côté. D’autres critiques portaient sur la Libra Association elle-même, basée à Genève en Suisse, alors que certains l’auraient bien vu s’installer aux États-Unis.

‘Système ouvert’

Julien Le Goc, un ancien superviseur bancaire américain qui est maintenant directeur chez Libra, est venu à Bruxelles mercredi, au sommet de la fintech. Il a expliqué les projets de la Libra Association et tenté, il le fallait, de rassurer tout le monde.

Le Goc a répété les précisions bien connues et apportées par Mark Zuckerberg: il s’agit d’une technologie qui doit permettre à approximativement 3 milliards de personnes d’avoir accès à des services bancaires, ce qui n’est pas le cas pour le moment. ‘La moitié de ces personnes sans banque ont un smartphone », souligne toutefois Le Goc.

Le lobbyiste précise encore que la Libra ‘est un système ouvert qui favorise la concurrence’. Il explique d’ailleurs que des développeurs de logiciels ont déjà travaillé sur dix portefeuilles numériques différents. ‘Nous n’intervenons pas dans la vente au détail, mais à un plus gros niveau’.

Le message qu’il a essayé de faire passer en substance: les politiques et les régulateurs n’ont pas à s’inquiéter du pouvoir excessif de Facebook et de son nouveau portefeuille numérique Callibra. Le Goc n’a d’ailleurs pas mentionné une seule fois Facebook de sa présentation.

‘Complémentaire’

‘Nous voulons être l’Internet des paiements. Rien de plus, rien de moins. La Libra ne constituera pas une concurrence pour les banques et ne remplacera par les monnaies traditionnelles. C’est un service supplémentaire’, a-t-il ajouté.

Il a également indiqué que La Libra n’était pas la seule ‘stable coin’ (une monnaie virtuelle garantie par de l’argent traditionnel) dans le pipeline. Il faisait directement référence aux plans de la Banque centrale chinoise et aux ‘Gram’ de l’application de messagerie instantanée Telegram. ‘Même les banques centrales occidentales se sont penchées sur les monnaies virtuelles’, rappelle le directeur.

Vous l’aurez compris, La Libra veut montrer patte blanche: éloigner Facebook et ses polémiques, se montrer complémentaire et non concurrente, et enfin se détacher d’une étiquette de quasi-monopole.

Après plusieurs coups durs, la Libra fait les yeux doux et tente de regagner les cœurs. D’abord dans le débat d’idées et ensuite, ses promoteurs l’espèrent, de manière concrète.

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