La Suisse est devenue unedes destinations principales de la prostitution. Dans ce pays, lecommerce sexuel est en plein essor. Cependant, la libéralisation de la prostitution et la demande croissante de services sexuels provoque une hausse de la traite sexuelle dans ce pays.
Selon la Coalition contrela traite des femmes (CATW), une ONG internationale, environ 14.000femmes offrent actuellement des services sexuels en Suisse. 70% de ces femmes sont des étrangères.
A Genève, où se trouventl’Organisation mondiale de la santé, le Comité international de la Croix-Rouge et denombreux autres organismes des Nations Unies dédiés à des causeshumanitaires, dès les petites heures du matin, des femmesoriginaires des régions les plus pauvres du monde, certaines encoreadolescentes, vendent des services sexuels. Les femmes et jeunesfilles victimes de la traite sexuelle en Suisse viennent principalementd’Europe centrale et orientale, mais également de Thaïlande, duNigeria, de Chine, du Brésil, du Cameroun, de Républiquedominicaine et du Maroc.
« Le fait que lepays accepte de voir les femmes victimes de la traite vendues dans ses ruesen plein jour va à l’encontre de sa réputation de lieu de refuge »,écrit Julie Blindel, journaliste du quotidien The Telegraph.
Les propriétaires de bordels veulent de nouveaux visages, tout comme les clients
« Le trafic sexuelest important en Suisse car il y a beaucoup de prostitution. Lesfemmes sont victimes du trafic pour répondre à la demande car lespropriétaires de bordels veulent de nouveaux visages, tout comme lesclients », explique un officier de police à la retraite quitravaille comme consultant pour une organisation anti-trafic.
Ce serait un leurre depenser que les clients ne sont issus que des classes inférieures.Selon un rapport de 2015 du Département fédéral de justice etpaix, 125.00 Suisses, soit environ un Suisse sur 20, fait régulièrement appel à des services sexuels et ce marché représente unmilliard de francs suisses par an (880.000 euros).
« Même lesfonctionnaires d’organisations de défense des droits de l’homme sontdemandeurs de services sexuels », explique un contact de lajournaliste qui travaille pour l’une des principales organisations deGenève. Selon lui, les hommes de son équipe dont la tâche estde sensibiliser à la traite et à la migration irrégulièreabusent aussi de ces femmes.
Ces fonctionnairesaffirment ne pas avoir de rapports sexuels avec les victimes de traite sexuelle, mais uniquement avec des femmes qui s’adonnent à laprostitution.
Le client est à l’abri de la législation
A Genève, la définitionjuridique de la prostitution est « l’acte de vendre du sexe ». Toutefois, l’acheteur est quasiment invisible, tant au sein de lalégislation qu’au sein du débat public. L’indifférence dugouvernement suisse face à la souffrance des victimes de la traitesexuelle et des prostituées est effarante, explique Taina Bien-Aimé,codirectrice de CATW.
« Les fonctionnaires secachent derrière la notion de choix et le consentement de la femme àêtre achetée et vendue dans le commerce du sexe en Suisse. Mais onn’aurait
pas besoin d’enquêtes approfondies pour découvrir qu’unejeune Nigériane de l’État d’Edo privée de ses droits, auraitdes difficultés à trouver Zurich ou Genève sur une carte, et encore plus pour acheter un aller simple pour un bordel ou une « sex box » sans l’aide d’un trafiquant ou un proxénète présidant à sa destinée »
La situation tragique desfemmes victimes de la traite incite lentement certains politicienssuisses à remettre en cause les lois libérales concernant laprostitution.
« Au lieu decontenir les maladies sexuellement transmissibles et la violence àl’égard des femmes, ces lois risquent de les amplifier et de lesdiffuser à mesure que le marché se développe et que les proxénètesse tournent vers la traite pour répondre à la demande »,ajoute la journaliste.
Le modèle nordique
Selon UrsulaNakamura-Stoecklin, professionnelle de la santé à la retraite quimilite pour les femmes victimes de traite sexuelle en Suisse,l’expérience de pays comme la Suède, la France et l’Irlande duNord, qui ont adopté le « modèle nordique » deréglementation de la prostitution, s’est révélée influente.
Dans le modèle nordique,la vente de services sexuels reste légale pour garantir que lesfemmes impliquées ne soient pas criminalisées. Toutefois, l’acted’achat de services sexuels est rendu illégal. Cela fait basculer lerapport de force en faveur des femmes et complique la tâche desgangs et des proxénètes. Depuis son introduction en Suède en 1999,la traite sexuelle et la violence à l’égard des femmes a fortementdiminué.
« Les organisationspro-prostitution ferment les yeux sur le fait qu’environ 70% desprostituées sont victimes de trafic sexuel. Je ne peux toutsimplement pas comprendre cet aveuglement, déclare UrsulaNakamura-Stoecklin.