« L’enseignement de la religion islamique dans la section arabe du Centre Islamique et Culturel de Belgique (ICCB) n’est en aucune façon adapté au cadre belge ou européen. Les textes sont basés sur des idées et des doctrines salafistes qui rejettent tout autre mode de vie à côté des droits et libertés constitutionnels fondamentaux. «
C’est ce qui est écrit dans un document confidentiel de l’Organe de coordination pour l’analyse de la menace (OCAM), qui analyse la menace posée par la formation des imams et des professeurs de religion islamique en Belgique.
Jean-Pierre Martin, journaliste chez RTL, a mis la main sur le document. Ce dossier fait 36 pages et a été rédigé à la demande du comité parlementaire qui mène des recherches sur les attentats terroristes du 22 mars 2016. En octobre dernier, ce comité d’enquête a tenté de faire fermer la Grande Mosquée de Bruxelles.
Selon Martin, la Grande Mosquée de Bruxelles, où est basée le CICB, est le principal responsable de la diffusion d’une ligne de pensée radicale. « Les musulmans qui sont venus en Belgique dans les années 1970 ont professé un islam complètement différent », dit-il. « C’est l’Arabie Saoudite qui a forcé le radicalisme ».
La voie du jihad armé
L’un des livres présentés dans le cours est Minhâj Al-Muslim (La voie du musulman), disponible gratuitement à Bruxelles.
Le chapitre le plus important de ce livre est consacré au jihad armé. Un autre livre également fourni dans le cours est écrit par Abd al Hadi al-Masri, un élève d’Oussama ben Laden et protégé de l’actuel chef du groupe terroriste Al-Qaïda.
Radicalisme, xénophobie et antisémitisme
Selon l’OCAM, dans les bibliothèques de nombreuses mosquées et centres islamiques en Belgique, « il existe encore des manuels et des textes qui doivent être considérés comme problématiques dans le domaine des théories du complot, des insultes, de la dissidence, du radicalisme, de la xénophobie et de l’antisémitisme. »
L’OCAM note toutefois un point positif: il y a « une nouvelle génération de jeunes imams et théologiens, qui, bien que toujours très peu nombreux, veulent enseigner l’islam de manière proactive et adaptée à l’époque actuelle. »
Selon Martin, la conclusion reste la même: depuis 40 ans, la Grande Mosquée de Bruxelles ne présente qu’une seule vision du monde: celle de l’Arabie saoudite.
La Grande Mosquée de Bruxelles: « Le phare de l’Islam en Europe »
Ce phénomène a été confirmé en 2015 par l’islamologue belge et musulman converti Michaël Privot. Selon lui, les idées salafistes sont fortement ancrées dans la population musulmane bruxelloise.
Au début des années 1960, l’Arabie saoudite a financé l’ouverture de la Grande Mosquée et un centre culturel islamique. L’Arabie saoudite nomme les responsables et répand l’idée wahhabiste, qui défend l’islam ultra-orthodoxe datant du VIIe siècle. Selon les Saoudiens, la Grande Mosquée serait « le phare de l’Islam en Europe ».
Les Saoudiens accordent des bourses gratuites à de jeunes musulmans belges pour étudier à Médine. Selon des documents datant de 2012 et mis en lumière par Wikileaks, la Belgique a déjà fait part de sa préoccupation aux Saoudiens quant à la place de l’intégrisme promu au sein de la Grande Mosquée.
On doit l’amitié entre la maison des Saoud et la Belgique au défunt roi Baudouin.
© EPA