La Finlande et la Suède sont sur le point de rejoindre l’OTAN dès l’été, selon ce qu’ont confié des sources américaines au journal britannique The Times. Faire la guerre à l’Ukraine s’est donc avéré être une « énorme erreur stratégique » de la part de l’autocrate russe Vladimir Poutine, selon ce rapport.
« La Finlande et la Suède veulent rejoindre l’OTAN dès cet été »
Pourquoi est-ce important ?
La Russie a mis en garde contre l'adhésion à l'OTAN de la Finlande et de la Suède. "Tout est question de dissuasion mutuelle et si une partie - et nous considérons que l'OTAN est une partie - est plus puissante que l'autre, notamment en termes d'armes nucléaires, alors cela sera considéré comme une menace pour l'ensemble de l'architecture de sécurité et nous devrons prendre des mesures supplémentaires", a glissé Dmitri Peskov, porte-parole de Poutine, à Sky News ce vendredi.Des responsables américains ont déclaré que l’adhésion à l’OTAN était « un sujet de discussion » pour les deux pays scandinaves lors des réunions entre les ministres des Affaires étrangères de l’Alliance la semaine dernière. La Suède et la Finlande auraient pris part à ces réunions. « Comment cela peut-il être autre chose qu’une énorme gaffe stratégique de la part de Poutine ? », a lâché un haut fonctionnaire américain.
« La Russie n’est pas le pays voisin que nous pensions »
La demande de la Finlande est attendue en juin ; celle de la Suède suivrait de peu.
Sanna Marin, la Première ministre finlandaise, a déclaré qu’il était temps pour la Finlande de reconsidérer sérieusement son attitude vis-à-vis de l’OTAN. « La Russie n’est pas le voisin que nous pensions qu’elle était », a-t-elle déclaré ce week-end. Elle a insisté pour que la décision soit prise « de manière approfondie mais rapide ».
« Je pense que nous aurons des discussions très prudentes, mais nous ne prendrons pas plus de temps que nécessaire non plus dans ce processus, car la situation est évidemment très grave », a-t-elle ajouté.
La Suède procède actuellement à une révision de sa politique de sécurité, qui sera achevée à la fin du mois prochain, comme le prévoit aussi le calendrier finlandais. « Je n’exclus en aucun cas l’adhésion à l’OTAN », a déclaré Magdalena Andersson, la Première ministre suédoise, il y a tout juste quinze jours.
Les partisans de l’adhésion
Avec la guerre en Ukraine, de plus en plus de voix en Finlande appellent à l’adhésion à l’Alliance. Un sondage réalisé par le radiodiffuseur public finlandais Yle la semaine dernière a montré que 53 % des Finlandais sont favorables à une telle adhésion. C’était la première fois qu’une majorité de Finlandais votait « oui » à la question de rejoindre ou non l’OTAN.
De plus en plus de Suédois expriment également leur soutien à l’adhésion à l’Alliance atlantique. Selon un sondage réalisé par Demoskop, 51 % de la population suédoise est favorable à l’adhésion. Il y a un mois, avant l’invasion russe de l’Ukraine, seulement 42 % y étaient favorables. Auparavant, le Premier ministre suédois s’était également opposé à une éventuelle adhésion.
Ces deux pays travaillent ensemble à l’élaboration d’un consensus national, mais les responsables gouvernementaux soulignent que les décisions finales seront prises de manière indépendante. Les deux pays sont situés sur la mer Baltique, face à la Russie ; la Finlande a une frontière terrestre de 1.335 kilomètres avec le pays qui a agressé l’Ukraine.
« Nouvelle réalité »
Les diplomates européens soulignent que les deux pays renforceraient considérablement les capacités de l’OTAN, notamment dans les domaines de la collecte de renseignements et de la puissance aérienne. « La Suède et la Finlande, en tant que contributeurs nets, seraient de véritables plumes au chapeau de l’OTAN. Ce sont de véritables acteurs », a déclaré un diplomate de l’alliance européenne au Times.
L’OTAN prévoit de déployer une force militaire complète et permanente aux frontières des États membres afin d’empêcher une nouvelle invasion russe et de s’adapter à une « nouvelle réalité ». Jens Stoltenberg, secrétaire général de l’organisation, a déclaré que les actions de Poutine avaient conduit à une « transformation fondamentale » de la coalition militaire, qui refléterait les conséquences à long terme de la guerre en Ukraine.
L’OTAN a désormais 40.000 soldats sous son commandement direct sur le flanc oriental de l’Europe, de la Baltique à la mer Noire. Des effectifs qui ont presque décuplé par rapport aux troupes disponibles avant l’invasion de l’Ukraine par la Russie, le 24 février dernier.
Auparavant, un ancien commandant en chef de l’alliance avait fait remarquer que Poutine « pourrait être la meilleure chose qui soit arrivée à l’OTAN ».