La FIFA veut que les frais de transfert des joueurs de football soient déterminés par un algorithme

La FIFA, qui est en proie à de nombreux scandales, veut introduire un algorithme qui devrait fournir plus de contrôle et de transparence concernant les frais de transfert des footballeurs.

L’association mondiale de football de la FIFA veut déterminer les frais de transfert des joueurs de football grâce à un algorithme. Une telle méthode de calcul des transferts de football existe depuis un certain temps et en 2011, elle a été présentée pour la première fois à l’ancien patron de la FIFA, Sepp Blatter. Ce dernier n’était pas intéressé.

Le modèle du CIES Football Observatory

Son successeur Gianni Infantino (notre photo de couverture) pense autrement. « On a souvent l’impression que quelque chose d’étrange se produit avec ce type de transfert de haut niveau. Lorsque des milliards d’euros changent de mains en un ou deux mois, nous devons nous assurer que tout se passe bien. Il est temps de revoir les choses sérieusement et d’offrir plus de transparence », a-t-il déclaré il récemment au cours d’une interview donnée à l’agence de presse Reuters.

En novembre dernier, Infantino a créé un groupe de travail chargé de développer un algorithme applicable sur un marché qui traite plus de 6 milliards d’euros par an. Il a lancé un appel au Suisse Raffaele Poli, qui dirige l’Observatoire du football CIES à Neufchâtel en Suisse depuis 2005. Avec ses collègues Loïc Ravenet et Roger Besson, Poli avait déjà développé en 2010 un algorithme qui calcule le prix d’un footballeur de manière scientifique.

Pour répondre à la demande de la FIFA, ils ont étudié les détails de près de 5 000 transferts effectués entre juillet 2011 et juin 2018. La base de données qui en a été développée est maintenant également mise à jour après chaque mercato.

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L’algorithme a évalué Cristiano Ronaldo à 103 millions, la Juve a payé 100 millions…

Pour chaque footballeur, une fiche est conçue, qui prend en compte le niveau du club intéressé par l’achat et qui peut doubler la valeur d’un joueur dans certains cas. Le joueur est ensuite noté sur pas moins de 30 variables, qui sont mises à jour chaque semaine. Elles comprennent entre autre ses buts, ses passes décisives, les résultats du club où il est actif, ses sélections en équipe nationale, la ligue dans laquelle il joue, la durée de son contrat, etc … L’algorithme semble fonctionner : au cours de l’été dernier, il a réussi à prévoir correctement le prix de vente final pour plus de 75 % des transferts réalisés. Un exemple: à la fin de la saison dernière, les Suisses ont évalué Cristiano Ronaldo à 103,4 millions d’euros. La Juventus a payé 100 millions d’euros pour le joueur.

Le tribunal du sport TAS a utilisé le modèle de Poli et de ses collègues il y a quelques années dans un différend concernant une série de commissions qui avaient été contestées lors de transferts. Des clubs tels que Chelsea, Benfica et Manchester City font également régulièrement appel aux services des Suisses.

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Le regain d’intérêt de la FIFA, en proie à de nombreux scandales, ne devrait pas surprendre. L’algorithme vise à offrir plus de contrôle et de transparence sur les frais de transfert, mais veut également limiter les commissions des intermédiaires et retracer les paiements versés aux différentes parties. L’introduction d’un tel algorithme est désormais inclus dans une proposition concernant la réforme du système de transfert, qui sera présentée plus tard cette année à l’assemblée générale de la FIFA.

Une deuxième proposition du groupe de travail est un fonds de solidarité qui entrerait en vigueur lorsque les clubs paieraient des montants supérieurs au prix fixé par l’algorithme. Lorsqu’un joueur vaut 100, mais que le club acheteur est prêt à payer 150, les 50 seraient répartis entre les clubs où le joueur a été formé. 

Des doutes sur certains calculs

Les agents ne semblent pas non plus être opposés au modèle,qui peut empêcher la spéculation et introduire de la transparence pour toutes les parties concernées. Pourtant, des doutes existent sur certains calculs. Par exemple, l’algorithme ne peut pas facilement évaluer les joueurs émotionnellement instables. De même, les très jeunes joueurs ou les footballeurs qui participent à des compétitions non européennes et pour lesquelles peu de données sont disponibles lui posent un problème.

Poli donne l’exemple du jeune attaquant brésilien Vinicius, qui selon l’algorithme valait 14 millions, mais pour qui le Real Madrid a payé 40 millions. En ce qui concerne le transfert le plus médiatisé de ces dernières années – celui de Neymar du FC Barcelone au PSG – l’algorithme a donné une estimation très proche. Son prix a été estimé à 210 millions, alors que les Qataris ont offert 222 millions pour qu’il rejoigne le club parisien. Une marge d’erreur inférieure à 5 %.

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