En économie, on a coutume de dire que l’inflation est bon pour la dette. Mais la Belgique en profite très peu, car ses déficits sont immenses. À cela s’ajoutent maintenant des taux d’intérêt élevés qui feront exploser la dette autour des 120% d’ici 2028. C’est l’une des conclusions du Bureau fédéral du plan dans son dernier rapport sur les perspectives économiques.
Le déficit et la dette
- 2022 n’a finalement pas été un si mauvais cru, le déficit public étant passé de 5,6% en 2021 à 4%. La croissance économique, la réduction des coûts liés à la crise sanitaire et les recettes ont permis de compenser les dépenses publiques et les coûts des mesures énergétiques.
- Mais le déficit repartira à la hausse en 2023, à 5,7% du PIB. La faute à un ralentissement de la croissance, à la remontée des charges d’intérêt, et au coût des mesures énergétiques qui n’ont pas encore été prises en compte en 2022. En 2024, le déficit devrait encore être de 5,4% du PIB : la fin des mesures énergétiques ne suffira pas face à une croissance molle, les taux d’intérêt élevés joueront eux plein pot. Autant dire qu’on est désormais très loin de l’objectif européen de 3% de déficit, même si celui-ci pourrait être amené à évoluer.
- Le déficit public est logé à 70% dans le niveau fédéral (sécurité sociale). Cette part devrait grimper à 90% en 2028, notamment à cause du coût du vieillissement. La Flandre devrait atteindre l’équilibre budgétaire en 2028, la Wallonie devrait, elle, réduire son déficit tandis que Bruxelles et la Fédération Wallonie-Bruxelles verront le leur rester stable.
- La conséquence est sans appel : la forte croissance de 2021 et la forte inflation de 2022 ont permis de réduire la dette de 112% du PIB en 2020 à 105% en 2022. Mais à partir de 2023, l’endettement augmentera pour atteindre presque 120% du PIB en 2028, un niveau plus atteint depuis 1997 (Eurostat). En termes d’endettement, la Belgique fera clairement partie du club des pays du sud de l’Europe.
La croissance
- La croissance devrait tourner autour de 1% en 2023, contre 3,1% en 2022. Elle devrait s’accélérer légèrement en 2024 pour s’établir à 1,7%. En moyenne, la croissance restera molle à 1,4% entre 2025 et 2028.
L’inflation
- Après avoir atteint 9,6% en 2022, l’inflation devrait s’établir à 4,5% en moyenne en 2023 et à 2,9% en 2024. Pas de retour au 2% avant 2025.
L’emploi
- C’est la note positive de ces perspectives même si on est (très) loin des ambitions de la Vivaldi en termes de taux d’emploi (80%). Mais après les 100.000 emplois créés en 2022, la période 2023-2028 devrait voir 235.900 emplois supplémentaires, ce qui portera le taux d’emploi à 74,4% d’ici 2028, contre 72,3% cette année, et 70,5% en 2019.