Alors que le Liban compte toujours ses morts, la double explosion survenue ce mardi à Beyrouth plongera encore un peu plus le pays dans la crise économique.
Le dernier bilan de la Croix rouge libanaise fait état de 100 morts et plus de 4.000 blessés. Au moment d’écrire ces mots, il n’est pas encore clair de savoir ce qui a provoqué la double explosion dans le port de la capitale. On sait que ses entrepôts contenaient 2.750 tonnes de nitrate d’ammonium. L’ammonium entre dans la composition de certains engrais, mais aussi d’explosifs.
Par ailleurs, jusqu’à 300.000 personnes se retrouvent désormais sans domicile, a indiqué le gouverneur de la capitale Marwan Abboud, estimant le coût des dommages à plus de trois milliards de dollars.
‘J’ai fait un tour dans Beyrouth, les dommages peuvent s’élever à entre trois et cinq milliards de dollars’, a-t-il indiqué à l’AFP, précisant toutefois qu’il attendait une évaluation des experts et des ingénieurs. ‘Près de la moitié de Beyrouth est détruite ou endommagée.’
Pour Donald Trump, ces explosions ‘ressemblent à un terrible attentat (…). J’ai rencontré nos généraux et il semble que ce n’était pas un accident industriel. Il semble, selon eux, que c’était un attentat, c’était une bombe.’ Affaire à suivre. On sait le pays profondément divisé et en proie à une grande crise économique.
La crise
Le Liban vit une longue période d’instabilité politique et économique avec un effondrement de la livre libanaise, une envolée des prix, un manque de farine comme de fioul, en plus d’une situation sanitaire rendue compliquée par des hôpitaux à l’agonie. C’est aussi le retour des vieux antagonismes avec le Hezbollah qui pointe le bout de son nez et tente de profiter de la crise.
D’un point de vue économique, la destruction du port de Beyrouth est une catastrophe. Le Liban est un pays principalement importateur. L’entièreté du pays dépend du port de Beyrouth. À titre d’exemple, 80% des céréales consommées dans le pays passent par lui. Ses silos à grains permettent généralement de stocker 120.000 tonnes de céréales.
Il est l’un des ports les plus importants et les plus fréquentés de la Méditerranée orientale. Avec l’aéroport international Rafic Hariri, il s’agit de la principale entrée dans le pays.
D’une superficie totale de 1.200.000 m², le port peut traiter quelque 745.000 conteneurs par an.
Isolement
Sur le plan international, le Liban est plus isolé que jamais. ‘Aujourd’hui, le Liban s’est isolé du monde entier, ce n’est pas notre identité. Notre identité est une neutralité positive et constructive: pas un Liban guerrier’, expliquait début juillet le cardinal Bechara Raï. Retrouver une neutralité en cessant de ‘s’impliquer dans la politique des axes régionaux et internationaux’.
En proie à des ingérences extérieures, le pays est pris en otage entre l’Iran et les États-Unis. Mais la crise provient également d’une mauvaise gestion qui dure depuis des décennies et faite de corruption et de clientélisme.