Les prix des conteneurs ont été l’un des symboles de la crise sanitaire, avec des nœuds impossibles à dénouer dans les chaines d’approvisionnement. C’est désormais un lointain souvenir : les prix s’écroulent et les armateurs font maintenant face à une surcapacité.
La crise des prix des conteneurs est un lointain souvenir

Pourquoi est-ce important ?
Les prix des conteneurs ont participé à faire grimper l'inflation. Le manque de place dans les ports, et ensuite la reprise post-covid, ont fait exploser les prix. Beaucoup ont comme exemple en tête la livraison de voitures, dont le délai s'est gravement détérioré. La baisse actuelle des prix des conteneurs est donc une bonne nouvelle pour l'inflation, mais indique aussi un ralentissement économique.Dans l’actu : les prix du fret s’écroulent.
- Par rapport à son pic, le prix de l’expédition de marchandises a chuté de 85%. Par exemple, ce mois-ci, il en coutera 1.400 dollars pour expédier une marchandise de l’est de la Chine vers l’ouest américain, au lieu des plus de 9.500 dollars en mars dernier, selon les données de Xeneta, compilées par le Financial Times, dans une longue analyse.
- Le nombre de marchandises est en baisse de 5% par rapport à l’année dernière, selon l’Institut Kiel.
L’essentiel : une baisse des prix qui reflète la baisse de la demande.
- Beaucoup d’indicateurs montrent clairement un ralentissement économique, malgré des perspectives de croissance revues à la hausse.
- La consommation résiste mieux que prévu, mais elle s’essouffle. Notamment aux États-Unis, où les Américains ont tapé dans leur épargne en 2022. Le taux d’épargne est passé de 30% (années covid) à 3% l’année dernière (année de l’inflation). Les dépenses y sont désormais en baisse de 5,4% en termes réels, par rapport au pic de mars 2021.
- Au Royaume-Uni, les volumes de ventes sont de nouveau inférieurs aux niveaux d’avant la pandémie, après avoir augmenté de 10 % par rapport à ces niveaux en avril 2021.
- Dans la zone euro, la baisse des prix de l’énergie soulage les ménages. Mais ces prix restent élevés, en plus d’une inflation sous-jacente (sans les prix de l’énergie et de l’alimentaire) dont les États membres ne parviennent pas à s’extirper.
- La Commission a remis ce lundi ses dernières prévisions en termes d’inflation. Si les prix à la consommation vont poursuivre leur décrue en 2023 (de 9,2 % en 2022 à 6,4 %), ils résisteront à l’objectif de la banque centrale de 2%, avec une perspective de 2,5% en 2024. Ce qui ne veut dire qu’une chose : les banques centrales n’en ont pas fini avec les hausses des taux d’intérêt.
- Autre indicateur : le géant maritime Maersk prévoit une baisse de la demande de conteneurs de l’ordre de 2,5% cette année.
Le détail : les armateurs sont désormais en surcapacité.
- La baisse de la consommation est le principal frein du secteur, qui mise tout sur la relance chinoise.
- Mais la réalité est que les transporteurs sont en surcapacité. Beaucoup ont investi dans de nouveaux navires pour augmenter leurs capacités de stockage durant la pandémie. Aujourd’hui, il y a trop de navires, ce qui a tendance à faire baisser le taux de fret.
- Mauvaise nouvelle pour les armateurs : Maersk table sur un bénéfice d’exploitation de 2 à 5 milliards de dollars en 2023. On est très loin des 31 milliards de 2022 et des 20 milliards de 2021.
- Par contre, c’est une bonne nouvelle pour les importateurs (comme l’Europe) et donc les consommateurs. La baisse des prix du fret, c’est une baisse de l’inflation.
Mais : les armateurs n’ont pas joué toutes leurs cartes. Ils pourraient faire monter artificiellement leurs prix en diminuant leur capacité, et donc en mettant des navires hors service pour diminuer l’offre. « Les transporteurs vont se montrer plus agressifs que par le passé en réduisant leur capacité, car ils ont constaté l’élasticité de ces tarifs », explique au Financial Times John McCown, l’un des fondateurs de la société de conseil Blue Alpha Capital. Une tactique qui a largement montré son efficacité lors du choc initial de la pandémie.