Shimao Group est considéré comme l’un des promoteurs immobiliers les plus économiquement sains en Chine. Mais les actions du groupe ont perdu 17% ce vendredi, quand Reuters a rapporté que le promoteur immobilier n’avait pas remboursé intégralement un prêt fiduciaire. Un effet de contagion d’Evergrande ? Non, plutôt l’énorme pression qu’exerce Pékin sur les géants de l’immobilier.
Le secteur immobilier est sous haute pression en Chine. Tout s’est révélé au grand jour après la crise d’Evergrande qui n’est plus parvenu à rembourser les intérêts de son énorme dette, évaluée à 300 milliards de dollars.
Depuis deux ans, Pékin resserre son emprise sur le secteur, comme elle a pu le faire sur les géants des technologies. Une régulation plus stricte entoure le niveau d’endettement des promoteurs immobiliers. Les géants du secteur ne peuvent plus faire n’importe quoi, comme Evergrande qui a multiplié les projets pour financer sa propre dette.
Mais Pékin adopte une position ambigüe: la Chine n’a pas l’intention de soutenir directement le géant immobilier et veut même en faire un exemple. Mais de l’autre côté, elle ne peut pas lâcher un secteur qui pèse pour près de 30% du PIB.
Les trois lignes rouges de Pékin
Evergrande a été l’arbre qui a caché la forêt. De nombreux acteurs de plus petite taille faisaient face aux mêmes difficultés. Ce qui est plus étonnant ici, c’est que Shimao est considéré comme un acteur en bonne santé économique. « La raison pour laquelle le marché est un peu plus préoccupé par ce cas que par celui des autres promoteurs immobiliers en difficulté est que Shimao est considéré comme un nom relativement sain », a déclaré Gary Ng, économiste pour l’Asie-Pacifique chez Natixis, lors d’un entretien téléphonique accordé à CNBC.
Il a noté que Shimao répondait aux trois principales exigences de Pékin concernant le niveau d’endettement des promoteurs. La politique dite des « trois lignes rouges » qui fixe des limites à l’endettement par rapport aux flux de trésorerie, aux actifs et au niveau de capital d’une entreprise.
Mais Shimao a manqué un remboursement de 101 millions de dollars, selon une lettre de China Credit Trust parvenue à Reuters jeudi.
Ce n’est pas fini
Dans son analyse, Natixis estime qu’en juin, avant l’éclatement de la crise Evergrande, 15% des promoteurs immobiliers étaient perçus négativement. Cette proportion est passée à 35% en décembre. Selon Natixis, des sociétés immobilières ont de plus en plus de mal à obtenir un financement.
« À l’avenir, [je] ne serais pas surpris qu’il y ait plus de défauts de paiement au-delà des obligations, au-delà des prêts, différents types de produits », a déclaré Ng.
Comment briser la spirale négative ? Natixis pense qu’une injection de capitaux dans un fonds soutenu par l’État est nécessaire. Pékin doit également assouplir ses règles sur l’endettement.
Bloomberg rapporte que la Chine encourage désormais les promoteurs immobiliers publics à prendre des parts de marché à leurs rivaux en difficulté afin de limiter la propagation de la contagion du secteur endetté.
CNBC rappelle que les promoteurs chinois doivent faire face à 19,8 milliards de dollars d’obligations étrangères libellées en dollars américains arrivant à échéance au premier trimestre, et à 18,5 milliards de dollars au deuxième trimestre.