La Corée du Nord vient d’inaugurer en grande pompe la ville nouvelle de Samjiyon, “l’incarnation de la civilisation moderne”, selon les médias officiels nord-coréens. Le méga-chantier, encore inachevé, est situé à proximité du Mont Paetku, un site sacré devenu central pour la propagande du dirigeant Kim Hong-un.
Selon la légende, le mont Paetku serait en effet le lieu de naissance du fondateur de la Corée, Tangun. De 1936 à 1943, pendant l’occupation chinoise du pays, Kim Il Sung, le fondateur de la dynastie Kim et grand-père de l’actuel dirigeant Kim Jong-Un, y avait établi sa résidence, et y orchestrait la résistance contre l’ennemi. Son fils, Kim Jong-il, serait né à proximité.
Samjiyon : « une utopie urbaine du socialisme »
Samjiyon est située au nord du pays, à la frontière chinoise, et est présentée comme une « une utopie urbaine du socialisme ». Elle se compose d’un millier de bâtiments, hébergeant des hôtels, une station de ski et des installations commerciales, culturelles et médicales, rapporte The Guardian. Selon La KCNA, l’agence de presse officielle de la Corée du Nord, elle aura une capacité d’accueil de 4.000 familles, et ses 380 immeubles couvrent des “centaines d’hectares”.
Le complexe comprend également une nouvelle ligne de chemin de fer assurant une liaison avec Hyesan, et une usine de conditionnement des myrtilles et des pommes de terre, les deux plus grosses productions agricoles locales.
Un fleuron pour l’économie nord-coréenne, mais…
Le dirigeant Kim Jong-Un s’est beaucoup impliqué dans ce projet, et a effectué plusieurs visites sur le chantier pour en contrôler l’avancée.
Néanmoins, et en dépit du fait qu’elle avait été conçue à l’origine pour stimuler l’économie et développer l’indépendance de la Corée du Nord, sa construction n’est pas encore achevée en raison de la pénurie de certains matériaux de construction, liée aux sanctions internationales. Kim souhaiterait que le projet soit achevé pour octobre 2021, date du 75e anniversaire de la fondation du Parti des travailleurs de Corée.
Mais les retards de construction ont incité le gouvernement à mobiliser des militaires, et même des étudiants, pour participer aux chantiers. Des ONG ont évoqué du “travail d’esclave”, dans la mesure où ces jeunes ne sont pas rétribués pour ce travail, ni nourris.