L’économie de Corée du Nord est encore plus pauvre, plus volatile et plus vulnérable qu’on ne le pensait, écrit le magazine The Economist sur base de l’observation d’images satellitaires sur la luminosité nocturne du pays. Sur ces clichés, la Corée du Nord ressemble à un trou, une sorte d’abîme entouré par la lueur éclatante de la Corée du Sud, de la Chine et de la Russie.
Source d’information fiable
« La luminosité nocturne est l’une des rares sources d’information fiables sur le pays », souligne The Economist. L’éclairage de nuit est un puissant indicateur de l’activité économique du pays.
Selon le Fonds monétaire international (FMI), ce paramètre pourrait même expliquer 44% de la variation du PIB par habitant d’un pays. Dans les endroits où il y a peu d’informations disponibles, la luminosité nocturne offre une autre mesure du rendement.
Nulle part ailleurs les données économiques fiables ne sont plus rares qu’en Corée du Nord. Les chiffres les plus détaillés proviennent de la banque centrale sud-coréenne.
Economie
Selon les économistes sud-coréens, la Corée du Nord a un PIB qui permettrait à un citoyen américain moyen d’acheter des biens et des services pour 2.500 dollars sur un an. Cependant, le tableau dépeint par les lumières nocturnes de la Corée du Nord est encore plus sombre. Selon ce paramètre, on obtient un niveau de vie qui coûterait 1.400 dollars par an aux Etats-Unis, ce qui fait de la Corée du Nord l’un des dix pays les plus pauvres au monde.
Les données suggèrent également que l’économie nord-coréenne est exceptionnellement volatile. De 2013 à 2015, la luminosité a diminué de 40% en Corée du Nord. Cela implique une réduction de 12% du PIB. Dans la capitale, Pyongyang, la diminution aurait atteint 19%. Toutefois, depuis 2016, le pays s’est à nouveau éclairci.
Conditions météorologiques
Il est peu probable que les sanctions internationales soient responsables de cet assombrissement. De 2016 à 2017, ces sanctions sont devenues encore plus strictes. Néanmoins, la luminosité a augmenté dans le pays. La baisse des prix des exportations nord-coréennes telles que celles du charbon a peut-être joué un rôle.
« La cause principale a probablement été la météo », explique le magazine. La Corée du Nord repose sur l’hydroélectricité. En 2015, le pays a connu une sécheresse importante. Selon les estimations de la Banque de Corée, la production d’électricité, de gaz et d’eau a diminué de 13% en 2015 en Corée du Nord.
« D’autre part,l’économie a peut-être moins reculé que ne le suggère la réduction de luminosité », souligne le magazine. Beaucoup de Nord-Coréens utilisent des panneaux solaires qui alimentent les activités diurnes. Toutefois, ces activités ne sont pas visibles la nuit. Par ailleurs, les bâtiments d’Etat, dont l’illumination est un choix politique, constituent la majeure partie de la lumière de la capitale. Enfin, personne ne sait vraiment expliquer les lois économiques qui se trouvent derrière l’obscurité nord-coréenne.
« Néanmoins, une baisse de luminosité de 40% indique une grave récession. Cette année, le gouvernement a admis publiquement que les vagues de chaleur, les inondations et la sécheresse avaient provoqué un grave déficit alimentaire. Le régime semble beaucoup mieux préparé à faire face aux sanctions commerciales qu’à la colère de la nature », conclut The Economist.