Ce n’est pas un secret : la République populaire de Chine compte beaucoup sur son programme spatial pour asseoir son leadership économique, technologique, et bien sûr symbolique. Pékin vient de dévoiler les trois prochaines étapes de ce dernier, échelonnées sur la décennie à venir.
Ces trois missions, baptisées Chang’e 6, Chang’e 7 et Chang’e 8, seront lancées dans les années 2020, chacune avec leurs objectifs propres et toute une flotte de vaisseaux spatiaux. Ce trio d’objectifs vient d’être approuvé et constitue la quatrième phase du programme chinois d’exploration lunaire, qui s’est récemment posé sur la Lune en décembre dernier avec la mission Chang’e 5 qui doit ramener des échantillons lunaires. Chacune de ces missions vise la Lune, et nécessitera donc le plus gros lanceur de la flotte chinoise, la fusée Longue Marche-5 de 53,66 mètres de haut pour une masse au décollage de 867 tonnes.
Chang’e 7 : la quête de la glace au pôle sud
Pas de calendrier prévu pour cette première mission, mais on peut estimer un lancement probable pour 2024. Celle-ci comprendra un orbiteur, un satellite relais, un atterrisseur, un rover et un « mini engin volant » conçu pour rechercher des preuves de la présence de glace au pôle sud de la Lune.
Les différentes composantes de l’engin spatial transporteront une série d’instruments scientifiques, notamment des caméras, un radar, un imageur minéral à spectre infrarouge, un thermomètre, un sismographe et un analyseur de molécules d’eau. La mission s’attaquera à des objectifs tels que la télédétection, l’identification de ressources et la réalisation d’une étude complète de l’environnement lunaire.
Chang’e 6 : la mission de renfort devenue autonome
Viendra ensuite Chang’e 6, qui a d’abord été envisagée comme une option de secours pour la mission de retour d’échantillons Chang’e 5. La nouvelle mission cherchera à tirer parti du succès de son prédécesseur en collectant les tout premiers échantillons de roche du pôle sud de la Lune et en les ramenant sur Terre.
La Chine a déclaré que la mission transporterait également des charges utiles scientifiques développées en France et en Italie, et potentiellement en Russie et en Suède. Une manière pour le pays de se positionner comme un leader de la conquête spatiale qui collabore avec les autres nations terrestres, un peu comme le font les États-Unis.
Chang’e 8 : première étape vers une base lunaire ?
Enfin, plus tard dans les années 2020, la mission Chang’e 8 partira pour apporter les premiers éléments d’une véritable base lunaire, sur laquelle la Chine travaille en collaboration avec la Russie, et possiblement d’autres partenaires, sans précision encore sur quel autre pays serait intéressé. Des négociations auraient eu lieu avec l’Agence spatiale européenne (ESA) mais aussi avec la Thaïlande, les Émirats arabes unis, et l’Arabie saoudite.
Cette station internationale de recherche lunaire (ILRS) sera composée d’une station spatiale en orbite lunaire, d’une base lunaire à la surface et d’un ensemble de rovers mobiles et de robots intelligents « sauteurs », selon des représentants de l’agence spatiale russe Roscosmos et de l’administration spatiale nationale chinoise (CNSA). Elle constituerait donc notre première présence durable à la fois sur notre satellite et dans son orbite, mais ces installations seraient aussi les plus lointaines de la Terre à accueillir des humains.
« L’objectif principal de ces trois missions est que la Chine construise le modèle de base d’une station de recherche lunaire en coopération avec la Russie, la Chine en prenant la tête », a déclaré Wu Yanhua, le député-chef de l’administration nationale chinoise de l’espace (CNSA). « La construction de la station peut poser une base solide pour que nous puissions mieux explorer l’environnement et les ressources lunaires, y compris la façon d’utiliser et de développer pacifiquement les ressources lunaires. »