Les autorités chinoises ont mis en place un nouvel outil de surveillance dans le sud de la région de Xinjiang, à la frontière nord-ouest de la Chine. Ce dispositif, un système de reconnaissance faciale, permettra de donner l’alerte si certaines personnes signalées par les autorités s’éloignent de plus de 300 mètres de leurs lieux habituels comme la maison et le lieu de travail, selon une personne familière avec le projet.
Cette mesure démontre une nouvelle fois comment l’immense région de Xinjiang est devenu un laboratoire high-tech de la surveillance de masse. Outre la reconnaissance faciale, on y expérimente également la collecte de données biométriques, les scanners de smartphones, les analyses de voix et des systèmes de localisation des véhicules par satellites systématique. « Ils combinent toutes ces choses pour créer, dans le fond, un Etat policier total », affirme William Nee, un militant pour la Chine d’Amnesty International.
L’un des endroits les plus surveillés du monde
Environ 10 millions de musulmans Ouïgours, une ethnie musulmane turcophone, vivent dans cette province. Dans le sud du Xinjiang, ils représentent presque 4/5 des habitants.
Suivant les ordres du président Xi Jinping de « frapper les premiers » contre l’extrémisme islamiste après des attaques meurtrières impliquant des Ouïgours en 2013 et 2014, ainsi que des rapports sur des militants Ouïgours partis combattre en Syrie, la région est devenue l’un des endroits les plus surveillés au monde, une terre hérissée de postes de contrôles, postes de police et caméras de surveillance.
Prédire les attentats avant qu’ils ne se produisent
Ce nouveau système de surveillance est développé par China Electronics Technology Group, une entreprise d’Etat qui ambitionne de mettre au point un logiciel d’analyse de données comportementales. Celui-ci compare les images fournies par les caméras de surveillance avec une liste de suspects sous surveillance. L’auteur de ce dispositif prépare également un logiciel destiné à prédire des actes terroristes avant qu’ils ne se produisent.
Le traitement de la minorité ethnique ouïghoure en Chine, notamment les restrictions sur la pratique religieuse et la liberté de circulation des personnes, fait l’objet de nombreuses critiques aux Etats-Unis et en Europe.