Principaux renseignements
- La dépendance de l’Europe à l’égard des prestataires de services de paiement américains pose un risque substantiel de coercition économique.
- L’économiste en chef de la Banque centrale européenne, Philip Lane, a souligné l’importance de l’autonomie stratégique dans la gestion des systèmes financiers.
- La BCE propose de développer une monnaie numérique pour atténuer ces risques et garder le contrôle de son avenir financier.
Selon Philip Lane, économiste en chef de la Banque centrale européenne, la dépendance de l’Europe à l’égard des fournisseurs de paiement américains pour une part importante de ses transactions financières pose un risque substantiel de coercition économique. Cette vulnérabilité découle de la domination de sociétés comme Visa et Mastercard dans le traitement des paiements par carte au sein de la zone euro, ainsi que de l’influence de géants de la technologie comme Apple Pay, Google Pay et PayPal dans les transactions de détail. C’est ce que rapporte Reuters.
Lane a mis en évidence cette tendance préoccupante lors d’un discours prononcé à Cork, en Irlande, en soulignant que la dépendance de l’Europe à l’égard des systèmes de paiement étrangers la rend vulnérable aux pressions économiques et limite son contrôle sur les infrastructures financières essentielles. Il a souligné l’importance de l’autonomie stratégique dans la gestion des systèmes financiers, d’autant plus que le paysage monétaire mondial évolue vers la multipolarité.
La Banque centrale européenne propose l’euro numérique
L’adoption généralisée de moyens de paiement internationaux a remplacé les systèmes de cartes nationaux dans treize des vingt pays de la zone euro. Cette situation souligne l’urgence pour la BCE de poursuivre le développement d’une monnaie numérique, que Lane présente comme une solution pour atténuer ces risques et faire en sorte que la zone euro garde le contrôle de son avenir financier.
Mise en œuvre et législation
Un euro numérique fonctionnerait de la même manière que l’argent liquide, permettant des paiements de détail directs sans dépendre des fournisseurs de services de cartes traditionnels. Les fonds détenus dans un portefeuille numérique, potentiellement une application sur un smartphone, représenteraient une créance directe sur la banque centrale, à l’instar des billets de banque. Les transactions seraient effectuées directement entre les acheteurs et les vendeurs, sans passer par Visa ou Mastercard.
Bien que la BCE ait consacré des efforts considérables à la préparation d’une monnaie numérique, elle attend une législation à l’échelle de l’UE avant d’aller plus loin. Ce processus législatif a connu des retards, ce qui a suscité la frustration de certains décideurs politiques. La BCE a annoncé son intention de prendre une décision d’ici fin 2025 concernant la prochaine phase de préparation de l’euro numérique.
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