La BCE admet enfin qu’elle avait tort

C’est la première fois depuis des mois que les chiffres de l’inflation en Belgique donnent un tout petit peu d’espoir : à 8,31%, c’est un record qui n’a pas été atteint depuis les années 1980. Cela provoque d’énormes dégâts : dépréciation monétaire, recul de la confiance et spirale difficile à arrêter. Toutefois, le chiffre se stabilise, ce qui est en soi encourageant.

  • Il est également frappant de constater que la Banque centrale européenne (BCE), qui a affirmé pendant des mois qu’il n’y avait aucun problème et que l’inflation était « temporaire » et « disparaîtrait » rapidement, admet enfin sa culpabilité.
  • Dans son dernier rapport, la BCE admet enfin qu’elle a raté le coche depuis 2021. Les deux derniers trimestres, elle a projeté des chiffres très inférieurs aux chiffres réels. Cela avait tout à voir avec sa politique : depuis 2008, la BCE s’est engagée dans ce que l’on appelle un « assouplissement quantitatif », c’est-à-dire qu’elle rachète massivement des obligations d’Etat et imprime simultanément de la monnaie. Cela a permis de maintenir les taux d’intérêt à un niveau historiquement bas et de donner de l’oxygène à l’économie.
  • Mais cette fête semble être terminée, l’inflation atteignant des niveaux record. Les hausses de taux d’intérêt deviennent alors inévitables et la presse à billets est arrêtée.
  • La BCE utilise désormais des « facteurs techniques » pour couvrir son entêtement de ces derniers mois. « Il est plus difficile que prévu de tenir compte de ces circonstances exceptionnelles. (…) Les erreurs sont inhérentes à la nature des projections », se défend-elle.
  • C’est frappant, car un taux a évidemment un impact politique énorme : parce que la BCE a décidé d’acheter en masse des obligations d’État, sous la direction de l’Italien Mario Draghi, elle a de facto enlevé toute pression aux pays de la zone euro du sud de l’Europe dont la dette publique est élevée.
  • Draghi est ensuite devenu le premier ministre de l’Italie et l’est encore aujourd’hui. Ce n’est pas un hasard si la Française Christine Lagarde, aujourd’hui présidente de la BCE, est également originaire d’un pays d’Europe du Sud : elle a conservé ces taux d’intérêt bas pendant très longtemps.
  • Aujourd’hui, d’ailleurs, son nom est cité pour un nouveau poste : maintenant qu’Emmanuel Macron est président de la République française pour un nouveau quinquennat, il cherche un nouveau Premier ministre. Des doigts sont pointés vers Lagarde pour reprendre ce poste. Bien que pour elle, la BCE puisse représenter un quelque chose de plus que le tri du linge sale de Macron.
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