Koen Geens (CD&V): ‘Incompréhensible que De Wever ne reçoive pas sa chance’

Ce lundi est une journée cruciale pour le MR et l’Open Vld. Les libéraux sont-ils prêts à se lancer dans une coalition arc-en-ciel, même en sachant que le CD&V n’en sera pas?

Dimanche, on apprenait la tenue d’une réunion secrète organisée la veille par l’informateur Paul Magnette (PS), et qui réunissait seulement six partis (PS, sp.a, Ecolo, Groen!, MR et Open Vld). La N-VA (on pouvait s’y attendre) n’a pas été invitée, tout comme le CD&V, ce qui est plus surprenant.

Les démocrates-chrétiens out, la survie du projet de coalition arc-en-ciel, chère à Paul Magnette, repose désormais entre les mains des libéraux, francophones et flamands. S’ils acceptent, on passera à l’étape suivante de formation d’un gouvernement. S’ils refusent, ce sera synonyme de retour à la case départ (voire d’un retour aux urnes, dans le pire des cas).

La pression est particulièrement forte sur les épaules de l’Open Vld. Une coalition arc-en-ciel ne possèderait qu’une très courte majorité à la Chambre et serait fortement minoritaire en Flandre (autour des 30%). Un tel choix serait également lourd de conséquences au niveau régional, puisque l’Open Vld y est associé à la N-VA et au CD&V. Bonjour l’ambiance.

Bart De Wever se sent ‘dupé’ et sort (enfin) du bois

Dans la foulée de cette révélation de réunion secrète, Bart De Wever, le président inhabituellement discret de la N-VA, a pris la balle au bond et envoyé un message clair à ses deux partenaires de coalition à la Région flamande. ‘Si on me demandait demain de prendre l’initiative, je ne refuserais certainement pas’, a-t-il déclaré au cours d’une interview accordée à la VRT dimanche soir.

‘Je n’ai rien entendu de la part de l’Open Vld depuis deux semaines. Et maintenant, j’apprends qu’ils parlent derrière mon dos à Magnette. Je me sens dupé’, s’est-il également indigné, n’hésitant pas à qualifier les libéraux de ‘judas’.

Sur le fond, Bart De Wever estime que les propositions de Paul Magnette sur le socio-économique sont très mauvaises et qu’il n’y a pas non plus de changement sur la question de la migration. ‘Un tel gouvernement (arc-en-ciel) ne détient par ailleurs qu’un tiers des voix en Flandre, alors qu’il s’agit de la Région qui paie les factures. Nous trouvons incroyable que l’Open Vld puisse participer à un tel projet.’

En clair, Bart De Wever annonce qu’il ne se défilera pas (ou plus) et que son parti est prêt à tenter de former un gouvernement. L’Empire contre-attaque.

Le CD&V scotché à la N-VA

Cette porte ouverte, c’est tout ce qu’attendait le CD&V, et il s’y est engouffré par l’entremise de Koens Geens, ce lundi matin sur les ondes de Radio 1. ‘Il est difficile de comprendre que M. De Wever ne reçoive pas sa chance. Il souhaitait déjà devenir informateur aux côtés de M. Magnette. Mais ce dernier a voulu y aller seul (…). Par deux fois De Wever était prêt à devenir un informateur. Je pense qu’il est sincère’, a-t-il déclaré.

Koen Geens a également pointé que l’ambiance entre les partis d’une potentielle coalition arc-en-ciel ne devait pas être très bonne pour qu’il y ait autant de fuites concernant des échanges qui devaient pourtant rester secrets.

Il conclut son intervention par une question à l’adresse de l’Open Vld: ‘Comment pouvez-vous siéger dans un gouvernement flamand basé sur l’orthodoxie budgétaire, alors que vous vous apprêtez à faire des choses complètement différentes au niveau fédéral?’

Il est donc clair désormais que le CD&V ne montera pas dans un gouvernement arc-en-ciel. Le pari de Paul Magnette était que les démocrates-chrétiens sauteraient à bord du train une fois celui-ci bien parti sur ses rails. Cela ne semble pas être au programme…

Quid du MR?

Cela ne signifie pas pour autant la mort définitive de l’arc-en-ciel. Mais une majorité de 76 sièges sur 150 ne sera pas tenable à long terme. La coalition pourrait bénéficier du soutien du cdH ou de Défi, mais cela la rendrait très dépendante d’un tout petit parti et lui donnerait encore un peu plus un fort accent francophone.

Mais avant même d’en arriver à de telles considérations, il revient aux libéraux de se prononcer. Et curieusement, à ce stade, le MR et son nouveau président Georges-Louis Bouchez semble moins réfractaire que l’Open Vld à débrancher la prise et à reprendre les discutions avec la N-VA.

Une chose est désormais acquise: si l’arc-en-ciel échoue, la N-VA reprendra la main, le CD&V bien calé dans son sillage.

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