Les jeunes pour le climat pensent que les politiciens n’en font pas assez. Mais que font-ils eux-mêmes?

La 23ème Marche de Youth for Climate a eu lieu jeudi. À Bruxelles, environ 600 jeunes manifestants ont fait l’école buissonnière pour descendre dans la rue au nom du climat. À Gand, on en recensait environ 100. Les activistes restent insatisfaits de la politique climatique et demandent au gouvernement de prendre des mesures afin d’interdire les combustibles fossiles, de réduire considérablement les émissions de CO2 et déclarer un état d’urgence pour le climat.

Pour le moment, les politiciens ne sont pas enclins à prendre des mesures aussi radicales. Les jeunes du climat pensent que leurs actions, qui durent depuis presque un an, tombent dans l’oreille d’un sourd. Mais que font-ils eux-mêmes ?

Car ces jeunes contribuent également au changement climatique. Selon une étude réalisée en 2017 par le Pew Research Center, un organisme américain, 6 jeunes sur 10 (18-29 ans) n’utilisent que les services de streaming en ligne pour regarder la télévision. Une étude française va également dans ce sens. Nos voisins du Sud âgés de 15 à 24 ans regardent des services de vidéo à la demande (VOD) tels que Netflix et Amazon Prime Video, en moyenne 2 heures et 58 minutes par jour.

Les coûts environnementaux sont colossaux

Les coûts pour l’environnement sont énormes. Les services de streaming qui rendent ces vidéos possibles contiennent d’énormes quantités de données. Celles-ci sont stockées dans des centres de données. Ces derniers ont besoin d’une énorme quantité d’électricité pour faire fonctionner leurs serveurs et les refroidir. Le groupe de réflexion français The Shift Project estime que le visionnage de vidéos en ligne (VOD, YouTube, pornographie et médias sociaux) a généré plus de 300 mégatonnes de CO2 en 2018. Ce montant correspond à ce qu’un pays comme l’Espagne, avec ses 50 millions d’habitants, produit en une année entière en termes de CO2.

La consommation de musique

Vient ensuite la consommation de musique, avec des services tels que Spotify, Apple Music ou Deezer. Le Global Music Report 2019 de la fédération internationale de musique IFPI montre que 83 % des 16-24 ans écoutent de la musique. Pour les 25 à 34 ans, ce chiffre est de 75 % et pour les plus de 50 ans, il tombe à 44 %.

Si les flux de musique semblaient être au départ une alternative respectueuse de l’environnement face à la production de CD, des recherches menées par l’Université d’Oslo ont également montré qu’en 2016, rien qu’aux États-Unis, l’enregistrement de flux audio était responsable de l’émission de 200 à 350 millions de kilos de gaz à effet de serre. En 2000, la production de CD a généré environ 157 millions de kilos de CO2.

L’industrie numérique est plus importante que l’aviation sévèrement critiquée

Selon The Shift Project, l’industrie numérique représente aujourd’hui 4 % de toutes les émissions de CO2, soit plus que ce qui est produit par l’industrie aéronautique qui est fortement critiquée par les jeunes. Écouter de la musique et regarder des vidéos ne constituent qu’une partie du problème. Le coût environnemental des composants électroniques et des batteries nécessaires pour le faire est également énorme. Par exemple, les smartphones effectuent en moyenne 4 fois le tour du monde avant d’être vendus dans les magasins, selon les calculs de l’Agence française de l’environnement et de la Maîtrise de l’Energie (ADEME).

Chaque smartphone contient environ 70 composants différents et 50 métaux, y compris le zinc, le chrome et le palladium. L’extraction de ces matières premières est en partie responsable de la destruction des écosystèmes et de la pollution de l’air et de l’eau.   

Enfin, il y a les scooters électroniques, qui sont surtout utilisés par les jeunes. Eux aussi sont tout sauf écologiques. Tout comme celles du smartphone, leurs batteries sont pleines de lithium et alcalines. De métaux précieux extraits principalement en Australie, au Chili, en Argentine et en Chine. Le déminage de ces métaux nécessite de grandes quantités d’eau.

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