Karoshi: les drones doivent chasser les derniers travailleurs japonais de leur bureau

Le Japon utilise des drones pour s’attaquer au problème des heures supplémentaires excessives. Le pays lutte depuis des années avec ce qu’on appelle en japonais «karoshi» : des personnes qui travaillent littéralement à mort. La plupart des victimes décèdent des suites d’une crise cardiaque ou d’un accident vasculaire cérébral, d’un accident du travail ou d’un suicide.

Cent heures supplémentaires par mois, ce n’est pas exceptionnel au Japon. En 2017, par exemple, pas moins de 191 cas de «karoshi» ont été diagnostiqués. Ce terme regroupe les victimes décédées des heures supplémentaires excessives. Selon la limite officielle, il y a exagération au delà de 80 heures supplémentaires par mois. Si, après la mort subite d’un employé, il semble que celui-ci ait dépassé cette limite, les parents survivants peuvent poursuivre l’employeur.

Les heures supplémentaires font toujours partie de la culture japonaise. Dans près du quart des entreprises, des employés prestent plus de 80 heures supplémentaires par mois. Dans une entreprise sur 10, il serait même question de 100 heures de travail supplémentaires. Au Japon, réaliser un nombre d’heures de travail important est considéré comme une preuve d’engagement et de loyauté envers l’entreprise.

Dans les années 80 en particulier, les heures supplémentaires sont devenues un grave problème au Japon, lorsque plusieurs cadres se sont effondrés à un jeune âge.

T-Frend

Le gouvernement tente depuis longtemps de réduire les heures supplémentaires, mais il se peut que la solution vienne du secteur de la technologie. La société de sécurité japonaise Tasei a introduit l’an dernier le «T-Frend» , un drone qui doit littéralement chasser les employés à la maison. Le drone survole les bureaux d’une compagnie le soir en diffusant la chanson écossaise Auld Lang Syne. Traditionnellement, cet air est utilisé au Japon pour annoncer la fermeture d’un magasin.

Le but du drone est d’ennuyer les employés restants de manière à ce qu’ils abandonnent et mettent fin à leur journée de travail. Le T-Frend coûte 375 euros, un prix bas pour la santé des employés. Le drone possède une petite caméra qui enregistre des images, et il accompli un itinéraire prédéfini. À l’avenir, le drone sera doté d’une reconnaissance faciale qui permettra d’identifier les travailleurs qui s’attardent sur leur lieu de travail.

Les entreprises japonaises essaient souvent d’empêcher leurs employés de faire des heures supplémentaires excessives. Par exemple, le déploiement d’agents de sécurité a longtemps été la méthode la plus populaire. Ils étaient chargés de retrouver les travailleurs les plus zélés pour les renvoyer chez eux. Mais comme le Japon est confronté à une pénurie de personnel considérable, les agents en activité sont de moins en moins nombreux.

Traque

Tout le monde n’est pas optimiste quant à la nouvelle technologie. Certains la qualifient de « harcèlement robotisé », d’autres pensent que les employés ne feront que ramener leur travail à la maison lorsqu’ils seront chassés de leur bureau.

C’est pourquoi, selon les critiques, les employeurs feraient mieux d’investir dans des systèmes réduisant la charge de travail de leurs employés. Il faudrait également mettre fin aux compétitions internes qui obligent les services à se faire concurrence pour être celui qui accomplit le plus de travail en un temps donné.

Réduire le Karoshi

Enfin, la législation japonaise tente également de limiter le nombre d’heures supplémentaires. Par exemple, il serait interdit aux entreprises d’imposer à leurs employés plus de cent heures supplémentaires par mois.

Le « Karoshi » est un problème supplémentaire pour la population japonaise qui diminue depuis des années . En raison du vieillissement de la population, les taux de natalité ne peuvent plus compenser le nombre de décès. De plus, cela a de graves conséquences pour l’économie et la main-d’œuvre au Japon. Ce qui, à son tour, peut augmenter le risque de «karoshi» ou d’heures supplémentaires.

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