L’Indonésie s’est choisi une capitale différente, mais le gouvernement indonésien n’a pas pour autant décidé d’abandonner l’actuelle capitale Jakarta. Il vient d’annoncer qu’il avait alloué un budget de 571 000 milliards de roupies (soit plus de 35 milliards d’euros) pour empêcher la ville de sombrer au cours de la prochaine décennie. Cette somme est encore supérieure à celle qui est consacrée à al construction de la nouvelle capitale sur l’île de Bornéo.
Le ministre indonésien de la planification, Bambang Brodjonegoro, a expliqué à Reuters que cette nouvelle capitale reprendrait le rôle de centre administratif du pays, mais que le rôle de places financière et commerciale demeurerait encore dévolu à Jakarta.
Les forages de puits font sombrer Jakarta
L’actuelle capitale indonésienne compte plus de dix millions d’habitants, ce qui en fait l’une des villes les plus densément peuplées du monde. Et si l’on ajoute la population de ses banlieues, il faut même compter le triple. Selon Brodjonegoro, il est donc nécessaire de réduire la population, ce qui a motivé pour partie la prise de cette décision de délocalisation de la capitale. Il souligne les problèmes de gestion des eaux potables et usées, et de pollution atmosphérique auxquelles la métropole est confrontée. « Les gens pensent que Jakarta va bien. Mais elle ne va pas bien du tout », résume-t-il.
Seulement 60% de la ville peut bénéficier de l’infrastructure de canalisations d’eau, et bénéficier ainsi de l’eau du robinet. Le reste de la population – des millions de résidents et d’entreprises, donc – sont donc obligés de creuser des puits pour pomper les eaux souterraines. Mais selon le ministre, cette pratique a des conséquences désastreuses pour la ville, qu’elle a transformée en une sorte de gruyère.
Chaque année, Jakarta s’enfonce de 28 cm
La montée des eaux de la mer, avec le réchauffement climatique, n’a donc fait qu’aggraver une situation qui était déjà problématique. La ville est le théâtre d’inondations récurrentes, et sombre progressivement. On estime que chaque année, Jakarta s’affaisse de de 28 cm, ce qui fait d’elle la ville de sa taille qui coule le plus rapidement.
Le projet de la mairie est donc d’étendre le système d’approvisionnement en eau pour qu’il couvre l’ensemble de la ville. Cela aurait pour conséquence de stopper les pompages d’eau souterraine « sauvages ». il est également prévu de doter Jakarta d’un nouveau réseau d’égouts.
Mais la plus grosse partie de ces investissements sera consacrée aux transports, avec une extension du réseau de transports en commun rapides et du réseau de banlieue, une nouvelle ligne de chemin de fer, et la construcion de couloirs pour les bus.
Jakarta est l’une des villes qui connaissent les plus gros problèmes de trafic routier. Les embouteillages, combinés aux centrales au charbon et à la pollution industrielle en font l’une des villes les plus polluées du monde.
« Si 100 % des Jakartanais cessent de pomper l’eau souterraine, on pourra construire une infrastructure massive, et le sol ne s’affaissera pas. Mais si rien ne change, 95 % de Jakarta coulera d’ici 2050 », met en garde Heri Andreas, un expert géodésiste.