Si le Premier ministre Matteo Renzi perd dimanche prochain le référendum dans lequel il propose aux Italiens de se prononcer sur une série de réformes constitutionnelles, et qu’il démissionne en conséquence, le chaos subséquent sur les marchés financiers pourrait provoquer la faillite de huit banques italiennes, avertit le Financial Times.
Ces banques rencontreraient en effet de grandes difficultés pour trouver des investisseurs prêts à les recapitaliser. Selon les derniers sondages, le camp du « oui » de Renzi est donné perdant de plus de 5 % contre celui du « non », derrière lequel l’opposition s’est regroupée.
La situation sera suivie de près par les spécialistes du marché qui craignent que les troubles du système bancaire italien induisent une nouvelle période de crise financière dans la zone euro.
Les prêts défaillants se montent à 21 % du PIB
L’année dernière, les banques italiennes ont perdu plus de la moitié de leur valeur de marché en raison des 360 milliards d’euros de créances douteuses qu’elles ont enregistrées dans leurs bilans. Elles ne perçoivent plus d’intérêts, ni de remboursements sur l’équivalent de 200 milliards d’euros de ces prêts depuis longtemps. L’Italie se trouve donc assise sur une montagne de créances douteuses, qui représente 21 % du produit intérieur brut du pays. Ces non performing loans (le terme est emprunté au secteur bancaire anglo-saxon) ont triplé depuis 2007, et ils fragilisent le secteur bancaire italien.
8 banques
Au total, 8 banques seraient concernées par un risque de dépôt de bilan. La Monte dei Paschi Banca di Siena (photo), la troisième plus grande banque du pays, dont les difficultés désormais bien connues, mais aussi 3 banques moyennes (Popolare di Vicenza, Veneto Banca et Carige) et 4 petites banques (Banca Etruria, CariChieti, Banca delle Marche et CariFerrara). Ces 4 « banquettes » ont déjà fait l’objet de plans de sauvetage l’année dernière.
Les banquiers expérimentés craignent que les difficultés pour recapitaliser la Monte Paschi conduisent à une crise de confiance, qui mettrait les 7 autres banques en difficulté. A leur tour, ces dernières pourraient compromettre une augmentation de capital de 13 milliards d’euros de la plus grande banque italienne, Unicredit.
Des chiffres de la Bank of America Merrill Lynch montrent que la population italienne aurait investi 235 milliards d’obligations bancaires italiennes, ce qui représente entre 11 % et 14 % du total des investissements italiens privés. Cela s’explique par le fait que ces investissements ont été présentés comme des produits financiers sûrs par le passé.
Le plan de Renzi
Ce fort investissement des particuliers italiens dans les banques du pays pose un gros problème : après la crise de 2008, l’UE a décidé de ne plus faire intervenir le contribuable pour sauver les banques, mais de faire payer les actionnaires, les créanciers et, finalement, les clients titulaires des comptes.
L’application de cette règle risque de laminer l’épargne de nombre d’Italiens… Un résultat indésirable, qui mécontenterait la population. Le gouvernement Renzi tente donc de trouver une solution pour sauver les banques, en contournant ces règles qui empêchent le recours au “bail-out”, au renflouement avec l’argent des contribuables.
Mais quel que soit le résultat du référendum, les investisseurs sont encore réticents à injecter de l’argent frais dans les banques. Beaucoup dépendra donc du sort réservé à la Monte dei Paschi Banca di Siena.