Mike Pompeo, secrétaire d’État américain, a annoncé que tous les pays du monde devront cesser complètement d’importer du pétrole iranien, sous peine de se voir infliger des sanctions des États-Unis. Les États-Unis veulent « porter à zéro les exportations » iraniennes d’or noir, et ainsi, contraindre l’Iran à entamer de nouvelles négociations sur son programme nucléaire.
L’embargo qui frappait l’Iran avait été levé en 2016, après la signature de l’Accord de Vienne en 2015. En signant celui-ci, l’Iran s’était engagé à réduire drastiquement son programme d’enrichissement de l’uranium. Certains experts considéraient en effet qu’il visait pour partie à développer un arsenal nucléaire. Mais dès son arrivée au pouvoir, le président américain Donald Trump avait contesté cet accord, signé par son prédécesseur Barack Obama, le jugeant bien trop favorable à la République islamique.
Des exemptions temporaires
Il a également déclaré son intention de faire pression sur l’Iran pour qu’il accepte de nouvelles discussions sur son programme nucléaire.
En novembre dernier, le gouvernement américain s’était retiré de l’accord de Vienne, et avait rétabli les sanctions américaines imposées à l’Iran. Mais il avait également accordé des exemptions temporaires à huit pays (la Chine, l’Inde, la Turquie, le Japon, la Corée du Sud, Taïwan, l’Italie et la Grèce) pour leur permettre de trouver d’autres fournisseurs et de réduire graduellement leurs importations de pétrole iranien. Pompeo a donc mis fin lundi à ces exemptions : « Si vous ne respectez pas cela, il y aura des sanctions », a-t-il dit.
La Grèce, l’Italie et Taïwan ont déjà totalement cessé d’importer de l’or noir iranien. La Corée du Sud et le Japon dépendent relativement peu des importations de pétrole iranien. La Turquie espérait une extension de l’exemption.
Mais la situation est bien plus compliquée pour la Chine et l’Inde, les deux plus gros importateurs de pétrole iranien. En effet, l’Inde, le troisième importateur mondial de pétrole, compte sur l’Iran pour lui fournir 10 % de ses approvisionnements en pétrole. De son côté, la Chine a entamé des négociations commerciales qui s’avèrent très délicates avec les Etat-Unis.
Un impact potentiel sur les marchés mondiaux
Un embargo complet sur le pétrole iranien pourrait avoir un impact significatif sur les marchés mondiaux du pétrole, surtout si la Chine et l’Inde ne se conforment pas aux exigences américaines. Les tensions sur les relations bilatéralesqui pourraient en résulter pourraient se propager à d’autres secteurs, tels que le commerce.
Certains officiels américains assurent que les perturbations sur le marché du pétrole liées à et embargo seront minimes. Ils expliquent que l’offre est actuellement supérieure à la demande, et que d’autres pays, notamment l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis (EAU), se sont engagés à compenser les fournitures de pétrole iranien.
Un certain nombre d’analystes estiment que l’embargo a un impact évident sur les exportations de pétrole iranien . Ils ont constaté une augmentation des exportations iraniennes au début de cette année. Ils les attribuent au désir de certains pays clients de constituer des réserves de pétrole plus importantes dans la perspective du rétablissement de l’embargo intégral.
Mais le mois dernier, ces achats ont commencé à décliner, ce qui semble poindre vers le remplacement de l’Iran par d’autres fournisseurs. Néanmoins, on estime que la République islamique a encore exporté environ un million de barils par jour en mars de cette année. Pour mémoire, elle en exportait environ 2,5 millions par jour en avril 2018, un mois avant le retrait des États-Unis de l’accord nucléaire avec l’Iran.
Des conséquences sur les alliés de l’Iran
« L’objectif de cette politique est de faire monter les coûts des agissements pernicieux de l’Iran et de lutter plus efficacement contre le large éventail de menaces à la paix et à la sécurité que présente son régime », a déclaré un responsablede la diplomatie américaine.
Et en effet, ces sanction semblent effectivement commencé à avoir des conséquences sur les alliés de l’Iran. Les sanctions empêchent ce dernier de fournir du pétrole à la Syrie depuis janvier, ce qu a accru la pression sur le régime du président syrien Bachar al-Assad.
Pompeo a également souligné que les caisses du Hezbollah étaient vides, ce qu’il considérait être un signe que l’Iran, qui soutient le groupe islamiste chiite, dispose de moins d’argent. Selon lui, il s’agit d’une conséquence positive pour la sécurité régionale.
Pour le moment, toutefois, les États-Unis sont suffisamment forts sur le plan économique pour obliger les entreprises et les gouvernements du monde entier, y compris dans les pays alliés, à se conformer à leur diktat. « Cependant, il est peu probable que l’Iran soit disposé à négocier un nouvel accord nucléaire avec le gouvernement américain, ou à changer fondamentalement de comportement », juge le Washington Post.