Interdiction de l’iPhone 12 en France : anatomie d’un non-scandale

Depuis quelques jours, un iPhone fait les gros titres, notamment de la presse française. Rien de bien extraordinaire là-dedans puisqu’Apple vient d’officialiser son nouveau smartphone. Mais celui qui fait beaucoup parler de lui n’est pas l’iPhone 15, mais l’iPhone 12, sorti en 2020. Retour sur toute cette affaire.

À l’origine du scandale

Le 12 septembre, l’Agence française des fréquences (ANFR) demandait à Apple de retirer l’iPhone 12 du marché français.

Quel était le problème ? Le niveau d’ondes du téléphone.

  • Celles de l’iPhone 12 dépassaient les limites du DAS (débit d’absorption spécifique) préconisé en France.
    • « Le DAS permet de quantifier l’énergie transportée par les ondes électromagnétiques et absorbée par le corps humain » détaille l’ANFR sur son site.

« La commercialisation de l’iPhone 12 est interrompue en France jusqu’à ce qu’Apple propose une mise à jour pour tous les appareils concernés. J’ai demandé à l’agence nationale des fréquences la pleine mobilisation de ses agents pour que cette interdiction soit respectée. »

Le ministre délégué en charge du numérique, Jean-Noël Barrot, sur X.

Explosion du scandale

La marque impliquée (Apple), le timing (jour de l’annonce d’un nouvel iPhone), la décision (interdiction de vente), la menace d’un ministre d’aller plus loin… tous les ingrédients étaient réunis pour créer un scandale.

  • La presse s’est emparée de l’affaire, partageant des titres accrocheurs, quitte à reconnaitre dans leur article que l’on criait au loup.
  • Car dans les faits, le dépassement des ondes de l’iPhone 12 du seuil autorisé était minime.
    • Jean-Noël Barrot l’a reconnu lui-même, évoquant une « émission très légèrement supérieure au seuil autorisé ».
  • D’ailleurs, on pourrait se demander si ce n’est pas sa propre intervention qui a contribué à cette escalade inattendue.
  • Le fait est qu’Apple n’est pas le premier à voir l’un de ses produits épinglés pour son DAS. Mais la menace d’une interdiction de vente ou de rappel d’appareils n’a, semble-t-il, jamais été faite auparavant.

Concrètement : l’ANFR impose aux fabricants de respecter trois niveaux de DAS.

  • Au niveau de la tête et du tronc, le DAS ne doit pas dépasser 2 W/kg.
  • Pour ce qui est des membres – critère qui n’est pris en compte que depuis 2019 -, le seuil est de 4 W/kg.
  • Et c’est à ce niveau que l’iPhone 12 posait problème puisque l’ANFR a mesuré une émission de 5,74 W/kg. Soit un niveau effectivement supérieur, mais légèrement.
    • Pour la tête et le tronc, le téléphone ne posait pas de problème.

Rappelons par ailleurs que cette mesure a été faite dans un cadre particulier : en laboratoire, où l’on cherche à obtenir « la puissance moyenne maximale que peut produire le téléphone ».

  • Autrement dit, la mesure ne reflète pas nécessairement la réalité d’usage au quotidien de l’appareil.
    • « En laboratoire, donc dans un environnement contrôlé, isolé de tout réseau mobile, le téléphone est ainsi bloqué à sa puissance moyenne maximale », précise l’Agence.
  • De plus, les valeurs maximales du DAS des appareils sont définies en prenant des marges de précautions importantes, afin d’éviter un risque sanitaire éventuel en cas de dépassement occasionnel.
    • Le DAS affiché par les fabricants est « le plus élevé atteint lors de ces tests », mais, en réalité, « le téléphone ne fonctionne pas en permanence dans ces conditions : il change souvent de fréquence ou de technologie », précise l’ANFR.

Mais le plus important : les effets sur la santé d’une exposition faible, mais régulièrement aux rayonnements électromagnétiques ne font toujours pas consensus au sein de la communauté scientifique.

En résumé : l’iPhone 12 ne présentait de danger ni de risque imminent pour la santé. Et toute cette affaire n’est que le résultat d’une escalade médiatique, à laquelle un ministre a fortement contribué.

  • On pourrait d’ailleurs se demander si les choses se seraient déroulées de la même manière si cela avait été Samsung ou OnePlus qui avait été épinglé pour l’un de leurs téléphones plutôt qu’Apple.

La réaction d’Apple

La firme de Cupertino a en tout cas annoncé ce vendredi qu’une mise à jour visant à réduire les émissions de l’iPhone 12 au niveau des membres sera publiée dans les prochains jours, rapporte l’AFP.

  • La réaction d’Apple ne s’est donc pas fait attendre. Ou alors très légèrement, mais étant donné le timing et l’ampleur du non-scandale, on peut le comprendre.
  • Le fait est que ce genre d’histoire se règle assez facilement et rapidement, par le déploiement d’une mise à jour. Il n’est donc pas nécessaire de ramener son smartphone dans un Apple Store.
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