Les gouvernements occidentaux réalisent de plus en plus que la Chine, à l’instar de la Russie, tente d’influencer leurs institutions, affirme John Rogin dans le Washington Post. Selon lui, l’objectif du pays serait de protéger son régime autoritaire, et, éventuellement, de l’exporter dans le monde.
Les gouvernements occidentaux réalisent de plus en plus que la Chine, à l’instar de la Russie, tente d’influencer leurs institutions, affirme John Rogin dans le Washington Post. Selon lui, l’objectif du pays serait de protéger son régime autoritaire, et, éventuellement, de l’exporter dans le monde.
Ces activités s’inscrivent dans le cadre d’une campagne plus vaste visant à détrôner les Etats-Unis pour installer la Chine comme première puissance mondiale. D’après Rogin, cette stratégie s’illustrerait par l’expansion militaire, combinée à des investissements étrangers directs, à l’accumulation de réserves de matières premières, mais aussi en exerçant des pressions pour obtenir la modification de règlements et normes internationales.L’ambition du Parti communiste chinois serait de faire taire toute contestation à l’égard du régime chinois, puis de se doter de sympathisants américains pour promouvoir une image valorisée du pays.
Marco Rubio
Rogin cite le sénateur républicain Marco Rubio, qui préside la Commission exécutive du Congrès américain sur la Chine. « Nous avons beaucoup entendu parler de l’interférence russe dans nos élections, mais les efforts chinois pour influencer notre politique publique et nos libertés les plus élémentaires sont bien plus vastes que les gens ne se l’imaginent », en dit-il.Le sénateur affirme ainsi que l’Institut Confucius, un think tank de recherche soutenu par le gouvernement chinois, avait conclu des contrats pour s’immiscer dans les activités éducatives de certaines universités américaines. D’une manière générale, Rubio exhorte à examiner tous les activités éducatives effectuées en partenariat avec des instituts de recherche d’origine chinoise.Il évoque également le cas du China-United States Exchange Foundation (CUSEF), un institut de recherche qui a financé une variété de projets de recherche dans certaines universités américaines, et qui a été fondé par Tung Chee-Hwa, l’ancien directeur général de Hong Kong. Le CUSEF affirme qu’il ne cherche pas à promouvoir l’idéologie du régime chinois, mais ses relations avec lui sont très claires, affirme Rogin.
Des institutions priées de se garder de toute critique
Toutes ces institutions invoquent leur indépendance académique, mais elles dépendent du régime chinois pour leur financement. Cela les conduit à atténuer toute forme de critique à l’égard de l’empire du Milieu. Leurs chercheurs redoutent la possibilité de saper leur accès au marché chinois.
« En influençant les influenceurs, la Chine parvient à encourager les Américains à propager son message à d’autres Américains. C’est bien plus efficace que de laisser les officiels chinois le diffuser ».
Un ensemble de normes et de règles devrait donc être édicté pour contrôler cette influence chinoise. Et ce d’autant plus que la Chine exploite l’affaiblissement du monde démocratique, et le choix de l’administration Trump de ne plus promouvoir les valeurs américaines à l’étranger, estime Rogin.
« Chaque pays cherche à influencer l’étranger. (…) Mais la combinaison de la Chine de la technologie, de la coercition, des pressions, de l’exclusion et des incitations économiques va bien au-delà de à quoi un pays avait été confronté jusqu’ici », conclut Roggin.
D’autres pays occidentaux victimes des interférences chinoises
Les Etats-Unis ne sont pas le seul pays où s’exercerait cette influence. L’Australie, la Nouvelle Zélande, et le Canada ont aussi mis en évidence des tentatives pour influencer leurs politiciens, leurs universités, leurs entreprises et leurs think tanks.De même, plus près de chez nous, en Allemagne, l’Office fédéral de Protection de la Constitution (BfV) a accusé Pékin d’avoir utilisé le réseau social Linkedin pour recruter des informateurs. Plus de 10.000 citoyens allemands, y compris les politiciens et les hauts fonctionnaires, se sont vu offrir des voyages tous frais payés en Chine, ou des rencontres avec de potentiels clients.Selon les officiels allemands, les recruteurs auraient utilisé de fausses identités pour les convaincre, se faisant passer pour des chasseurs de têtes, ou des chercheurs membres d’instituts de recherche.Le ministère des Affaires étrangères de Chine a réfuté les résultats de cette enquête.