L’Union européenne ne compte pas laisser Pékin marcher sur ses plates-bandes si facilement en Amérique latine : Bruxelles a ainsi identifié une centaine de projets dans lesquels investir, mais des divergences d’opinion entre les deux régions pourraient venir brouiller les pistes.
Face à l’influence croissante de la Chine, l’UE entend revenir au premier plan en Amérique latine à coup de milliards

Pourquoi est-ce important ?
L’Union européenne (UE) entretient des relations multiples avec l’Amérique latine et les Caraïbes à différents niveaux. Ces dernières années, les relations commerciales entre l’Union et les pays d’Amérique latine sont revenues au premier plan. Ensemble, les pays constituant la Communauté des États latino-américains et des Caraïbes (CELAC) représentent le cinquième partenaire commercial de l’Union.Dans l’actu : Un sommet entre l’Union européenne cherche à renforcer ses liens avec l’Amérique latine et la CELAC (Communauté des États latino-américains et des Caraïbes) doit aider Bruxelles à renforcer ses liens avec l’Amérique latine.
- Des projets d’investissement spécifiques dans 100 projets ont été identifiés pour encourager la participation européenne dans la région, du métro de Bogotá aux bus électriques au Costa Rica, rapporte El Pais.
- Les pays de l’UE s’apprêtent ainsi à annoncer des programmes d’investissement dans la région et prévoient des contributions financières importantes pour soutenir les projets d’investissement en Amérique latine.
- Aux 10 milliards d’euros que la Commission européenne apportera d’ici 2027 s’ajoutent 9,4 milliards d’euros provenant de l’Espagne, particulièrement proche des pays de la région grâce à leur langue commune.
- Selon des sources de la Communauté européennes citées par le quotidien espagnol, des annonces d’autres membres sont attendues tels que la Suède (qui envisage une contribution de 3,5 milliards d’euros), les Pays-Bas (2 milliards d’euros), ainsi que la Finlande et l’Irlande (qui étudient une somme plus modeste d’environ 50 millions d’euros).
- Des accords seront signés concernant notamment l’énergie, la coopération numérique et interne.
- Les paquets économiques annoncés seront sous forme de prêts et de subventions, principalement destinés au projet European Global Gateway.
- Ce projet vise à mobiliser des ressources pour les programmes dans les pays en développement et contrer l’influence de la Nouvelle Route de la Soie de la Chine.
- Vingt et un des 33 pays d’Amérique latine et des Caraïbes ont rejoint ce projet.
- Le fin mot de la présidente de la Commission : « L’UE est de retour en Amérique latine », a répété Ursula Von der Leyen lors de ses voyages au Brésil, en Argentine, au Chili et au Mexique.
Objection : Des désaccords existent entre la CELAC et l’UE concernant la condamnation de la Russie pour la guerre en Ukraine, ce qui tend à peser sur le sommet. Si l’UE réprime sévèrement Moscou, ce n’est pas forcément le cas des 33 pays qui forment la CELAC, un groupe très disparate.
Empêcher la mainmise chinoise
Le contexte : Au cours des dernières années, l’influence de la Chine en Amérique latine a considérablement augmenté, en particulier depuis l’épidémie de Covid-19. De son côté, l’UE, qui était le plus important investisseur dans la région, a perdu en compétitivité et se classe désormais comme le troisième plus grand partenaire commercial, derrière la Chine et les États-Unis.
- La Chine a proposé son aide aux pays latino-américains en fournissant des matériels médicaux et des vaccins, renforçant ainsi ses liens avec des pays tels que le Venezuela, la Bolivie, l’Équateur et l’Argentine.
- Puis, le sous-continent latino-américain, riche en ressources naturelles, est devenu un champ de bataille entre la Chine et les États-Unis, chacun cherchant à exercer une influence grandissante.
- Dans sa quête pour dominer un tiers des ressources mondiales en lithium, élément essentiel dans les batteries des voitures électriques, la Chine a mis la main sur 20 mines de lithium en Amérique latine, notamment au Mexique et au Chili, et en Afrique pour 4,5 milliards de dollars en deux ans.
- Et les entreprises chinoises ont entrepris de grands projets d’infrastructures, renforçant davantage les relations commerciales bilatérales entre la Chine et des pays comme l’Argentine, le Brésil, le Pérou, le Chili, Cuba et l’Uruguay, qui représentaient une valeur totale de 244 milliards de dollars en 2017.
- L’an dernier, la Chine et l’Argentine ont signé un accord de coopération étendue entre les deux pays, qui comprend entre autres projets la décision de bâtir une centrale nucléaire sur le territoire argentin.
- Plus récemment, les entreprises chinoises mettent en place d’énormes projets d’énergie renouvelable en Amérique latine : ces dernières années, environ 90 % de tous les nouveaux projets éoliens et solaires en Amérique latine ont été construits par des entreprises chinoises.