L’inflation en zone euro chute bien plus que prévu en octobre : la BCE reverra-t-elle sa stratégie pour ses taux ?

Ce mois-ci, dans l’enceinte de la zone euro, l’escalade des prix à la consommation a marqué une brusque pause. Un revirement qui pourrait insuffler une nouvelle dynamique dans les stratégies orchestrées par la Banque centrale européenne.

Pourquoi est-ce important ?

Lentement mais sûrement, on se rapproche de l'objectif tant chéri par la BCE : ramener l'inflation à 2%. Cette brusque baisse du mois d'octobre est en tout cas de bon augure pour la prochaine réunion de décision monétaire de la BCE, mi-décembre. À condition que la chute de l'inflation s'inscrive dans la durée.

Dans l’actu : Le taux d’inflation annuel en zone euro est estimé à 2,9% en octobre, contre 4,3% en septembre, rapporte Eurostat.

  • Il s’agit de son plus bas niveau depuis juillet 2021.
  • C’est en dessous des estimations des analystes de Bloomberg qui tablaient sur 3,1%.
  • Tous les sous-secteurs de l’inflation chutent :
    • Le bloc alimentation, alcool et tabac devrait connaître le taux annuel le plus élevé en octobre (7,5%), mais en baisse par rapport à septembre (8,8%).
    • Il est suivi des services (4,6%, comparé à 4,7% en septembre).
    • Puis des biens industriels hors énergie (3,5%, comparé à 4,1% en septembre).
    • L’énergie ferme la marche avec une dégringolade de -11,1%, comparée à -4,6% en septembre.

À noter : L’inflation de base, qui exclut les variations volatiles des coûts de l’énergie, de la nourriture, de l’alcool et du tabac, a baissé à 4,2%, en recul par rapport aux 4,5% de septembre. Elle est ainsi retournée à son point le plus bas depuis juillet 2022.

Source : Eurostat

La BCE reconsidérera-t-elle son gel des taux ?

Zoom arrière : Ces données bien meilleures que prévu pourraient pousser la BCE à revoir sa stratégie pour ses taux directeurs.

  • Lors de la précédente réunion, l’institution avait décidé de faire une pause dans ses hausses des taux, après 10 augmentations consécutives. Elle voulait se donner le temps d’évaluer l’impact sur l’économie… Et s’assurer de ne pas envoyer la croissance dans le mur.
  • Cette pause devrait perdurer jusqu’à la deuxième moitié de 2024 au moins, à en croire les analystes.
  • Mais c’était sans compter sur cette inflation qui a chuté plus que prévu. La BCE pourrait-elle donc décider de baisser ses taux plus tôt qu’anticipé ?

Cependant : Ne tombons pas dans l’excès d’optimisme. L’inflation sous-jacente, qui reste l’indicateur clé de la BCE, est encore assez élevée et baisse moins rapidement que l’inflation globale.

  • De plus, cette chute de l’inflation générale s’explique principalement par un effet de comparaison dans l’évolution des prix de l’énergie.
    • Les coûts énergétiques avaient considérablement grimpé en octobre 2022. Leur valeur actuelle, très basse comparée à celle de l’année précédente, n’entraîne donc pas une augmentation de l’inflation, c’est bien normal.
    • Par ailleurs, on estime que les prix de l’énergie devraient bientôt repartir à la hausse. Ce qui pourrait à nouveau exercer une pression à la hausse sur l’inflation.

Résumé : On se dirige plutôt vers un prolongement du statu quo de la BCE sur ses taux. Ce n’est pas une petite victoire, quand on vient de 16 mois de hausses des taux, et alors que Christine Lagarde avait laissé la porte entrouverte à une nouvelle hausse en décembre…

Plus