Après plus de 30 ans de présence sur le marché russe, la chaine de restauration rapide McDonald’s se retire entièrement de Russie et revend l’ensemble de ses activités sur place. Un véritable tsunami pour le marché de l’emploi russe.
Depuis le mois de mars, les quelque 850 fast-foods du géant américain sont fermés, en réaction à l’invasion russe de l’Ukraine. Deux mois plus tard et après 30 ans de présence dans le pays, McDonald’s a annoncé la cessation pure et simple de ses activités en Russie. Ce sont ainsi 62.000 employés qui se retrouvent sans emploi, dans une économie où l’inflation a atteint son plus haut niveau depuis 20 ans et où il était déjà compliqué de trouver un travail avant l’invasion de l’Ukraine. Mais la décision de Vladimir Poutine de « dénazifier » le pays voisin n’a fait que renforcer les pressions sur un marché de l’emploi déjà fragilisé.
Abandon du marché par les entreprises occidentales
En réponse à l’invasion de l’Ukraine, un très grand nombre d’entreprises occidentales ont déserté la Russie, pour un temps seulement ou de manière définitive, comme dans le cas de McDonald’s. Ce sont donc des dizaines, voire des centaines de milliers de travailleurs qui se sont retrouvés sans travail du jour au lendemain, victimes collatérales des décisions prises par leur dirigeant.
C’est ainsi que le départ de Renault de Russie a coûté le boulot de 45.000 personnes, celui d’Ikea a impacté 15.000 employés, alors que celui Siemens a valu la mise au chômage de 3.000 travailleurs. Certains ont tout de même eu la chance de voir leur salaire maintenu durant un temps. McDonald’s promet d’ailleurs de continuer à verser le salaire de ses ex-employés russes jusqu’à ce que ses points de vente soient vendus à des acheteurs locaux.
2 millions de chômeurs supplémentaires
Au premier trimestre 2022, le taux de chômage en Russie oscillait autour des 4,6%. Il devrait atteindre les 9% d’ici la fin de l’année, selon Bloomberg. Le pays pourrait perdre près de 2 millions d’emplois au cours de l’année. Le boycott des entreprises étrangères ne serait pas la seule explication, car le marché de l’emploi en Russie dépend en réalité également très fort de l’intégration du pays dans l’économie mondiale. Or, les sanctions occidentales infligées à Moscou impactent indirectement les travailleurs des entreprises nationales.
À cela s’ajoute l’inflation qui ne cesse de grimper. Elle a atteint 18% en avril, par rapport à l’année dernière. Deux facteurs qui devraient mener à une véritable crise du coût de la vie qui nuira forcément aux citoyens russes moyens, ainsi qu’à l’économie.
Une situation délicate dont semble être conscient le ministère russe des Finances qui s’attend à un PIB en baisse de 12% cette année, selon un document divulgué, rapporte Quartz. De quoi effacer une décennie entière de croissance économique.
Réaction de Moscou
Le Kremlin a vu dans l’exode des entreprises étrangères une opportunité de nationaliser des entreprises. L’usine Renault de Moscou va en effet être maintenue ouverte par le gouvernement russe qui prévoit de l’utiliser pour fabriquer une voiture de l’ère soviétique. « Nous ne pouvons pas laisser des milliers de travailleurs sans travail », a déclaré Sergueï Sobianine, le maire de Moscou. « Nous essaierons de garder la plupart de l’équipe travaillant directement à l’usine et ses associés. »
Mais la réaction de Moscou ne permettra pas d’absorber tous ses nouveaux chômeurs, notamment parce que la Russie ne compte pas suffisamment d’entreprises pour le faire. De plus, le marché de l’emploi russe se concentre dans quelques secteurs seulement, celui de l’énergie notamment (pétrole, gaz, exploitation minière, etc.).
Et la fin de la guerre ne signifierait pas forcément le retour des entreprises étrangères dans le pays. Les sanctions à l’encontre de la Russie pourraient en effet persister après la guerre. De quoi craindre le pire pour l’économie russe.