La concentration de la richesse ou les inégalités de revenus aux États-Unis n’ont jamais été aussi grandes qu’aujourd’hui depuis les années 1920.
C’est ce qui ressort des recherches menées par Gabriel Zucman, professeur d’économie à l’Université de Californie (Berkeley), sur la demande du National Bureau of Economic Research (NBER). Les 1 % les plus riches possèdent maintenant environ 40 % de toute la richesse. Les 1 % possèdent plus de 40 fois la richesse moyenne d’une famille américaine.
Selon Zucman, les inégalités de revenus que l’on observe de nos jours aux États-Unis ne sont plus comparables qu’à celle de la Russie. « On ne retrouve de tels niveaux d’inégalités des revenus dans aucun des autres pays où l’on mesure ce phénomène ».
Les inégalités de revenus : « la situation est bien pire que ce que montrent les chiffres »
Mais Zucman montre que la situation est bien pire que ce que montrent les chiffres. Selon l’économiste, 8 % de la richesse mondiale se trouve dans des paradis fiscaux.
Cela n’a pas de sens d’étudier les chiffres sur la concentration de la richesse sur la base de données publiques et de déclarations fiscales. Les riches ont de nombreuses possibilités d’évasion et de fraude fiscale. Tout va également dans ce sens, puisque le secteur du conseil fiscal n’a fait que croître depuis le début de la mondialisation dans les années 1980. Les données traditionnelles sous-estiment constamment le niveau et la croissance de la concentration de la richesse. »
La richesse des 1 % a augmenté de 9 % depuis 1989, selon Zucman. Au cours de la même période, le capital des 90 % les moins pourvus sur l’échelle des revenus a diminué proportionnellement.
« Une bulle insoutenable dans les prix des actions et des obligations »
En réaction à l’étude, Jesse Colombo , analyste chez Real Investment Advice, a déclaré que ces inégalités ne dureraient pas « parce qu’elles résultent d’une bulle insoutenable dans les cours des actions et des obligations ». Il ajoute deux graphiques à l’appui de sa thèse.
D’après Colombo, « Ce que les alarmistes de gauche ne veulent pas comprendre, c’est que les inégalités de revenus américaines ne sont pas une situation permanente, mais un phénomène temporaire. La bulle boursière qui nourrit la bulle de la richesse éclatera lors de la prochaine grande crise économique. Notre société ferait donc mieux de se préoccuper davantage de ces bulles que des inégalités de revenus. »
Zucman est conseiller économique pour Elizabeth Warren. Cette dernière fait partie des nombreux candidats en lice pour la nomination d’un candidat démocrate à la présidence. Avec sa « Ultra Millionaire tax », elle veut imposer une taxe annuelle de 2 % aux personnes qui possèdent plus de 50 millions de dollars, et de 3 % aux personnes qui possèdent plus d’un milliard de dollars d’actifs.