Principaux renseignements
- L’Inde bénéficie de l’influence et de l’expansion croissantes des BRICS.
- Le groupe permet à Delhi de démontrer un soutien continu à la Russie, de collaborer avec la Chine rivale et de faire progresser son autonomie stratégique.
- Malgré les inquiétudes liées à l’alignement sur l’Occident, les BRICS représentent un scénario idéal pour l’Inde en raison de l’accent mis sur le multilatéralisme et l’engagement avec les pays du Sud.
L’Inde partage des liens étroits avec plusieurs nouveaux membres des BRICS. L’Égypte est un partenaire clé pour le commerce et la sécurité au Moyen-Orient, tandis que les Émirats arabes unis, aux côtés de l’Arabie saoudite (qui s’est vu proposer l’adhésion), représentent l’un des partenaires les plus importants de l’Inde dans l’ensemble. La relation de l’Inde avec l’Éthiopie est l’une des plus anciennes et des plus étroites en Afrique.
Les membres actuels des BRICS présentent également des avantages pour l’Inde. Le groupe permet à Delhi de démontrer son soutien continu à la Russie malgré les efforts de l’Occident pour l’isoler. La collaboration au sein des BRICS avec la Chine rivale favorise l’approche prudente de l’Inde en matière d’apaisement des tensions avec Pékin, en particulier à la suite d’un récent accord sur les patrouilles frontalières annoncé avant le sommet. Cet accord a probablement fourni au Premier ministre Narendra Modi l’espace diplomatique nécessaire pour rencontrer le président chinois Xi Jinping en marge du sommet.
Inquiétudes pour l’Inde
En outre, les BRICS permettent à l’Inde de faire progresser son autonomie stratégique – en entretenant des relations équilibrées avec divers acteurs géopolitiques sans alliances formelles. L’Inde entretient d’importants partenariats, tant bilatéraux que multilatéraux, à l’intérieur et à l’extérieur de l’Occident. Sa présence au sein d’un BRICS solide et ses relations avec ses membres peuvent être équilibrées par sa participation au quadrilatère indo-pacifique revitalisé et par ses liens étroits avec les États-Unis et d’autres puissances occidentales.
D’une manière générale, les priorités des BRICS s’alignent sur celles de l’Inde. La déclaration commune du récent sommet reprend les messages et les documents politiques de Delhi : s’engager avec le Sud, promouvoir le multilatéralisme et la multipolarité, plaider pour une réforme des Nations unies (y compris un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies) et critiquer le régime de sanctions occidentales qui a un impact sur les échanges commerciaux de l’Inde avec la Russie et sur les projets d’infrastructure avec l’Iran.
Alignement et tensions
Cet alignement pourrait toutefois susciter des inquiétudes en Inde. À mesure que les BRICS prennent de l’ampleur, intègrent de nouveaux membres et suscitent le mécontentement du monde entier, ils risquent de devenir un contrepoids à l’Occident tel que l’envisagent Pékin et Moscou. L’inclusion de l’Iran, ainsi que de nouveaux membres potentiels tels que la Biélorussie et Cuba, suggère une possible inclinaison anti-occidentale. Bien que l’Inde cherche à équilibrer ses liens avec les mondes occidental et non occidental, elle éviterait de faire partie d’un accord explicitement antioccidental.
Ces inquiétudes sont largement infondées. Outre l’Inde, de nombreux nouveaux membres n’entretiennent pas de bonnes relations entre eux : l’Iran a des problèmes avec l’Égypte et les Émirats arabes unis, tandis que l’Égypte et l’Éthiopie entretiennent des relations tendues.
Malgré les récents accords frontaliers, les liens entre l’Inde et la Chine restent tendus en raison de différends territoriaux persistants, de l’intensification de la concurrence en Asie du Sud et dans la région de l’océan Indien, et de l’alliance étroite de la Chine avec le Pakistan. Une détente totale est peu probable dans un avenir proche.
La position optimale de l’Inde
Les BRICS représentent actuellement le scénario idéal pour Delhi. Ils permettent à l’Inde de collaborer avec des alliés proches au sein d’une organisation en expansion qui défend des principes importants pour l’Inde, notamment le multilatéralisme et l’engagement avec le Sud. Il permet à l’Inde d’équilibrer davantage ses relations avec les États occidentaux et non occidentaux, surtout si l’on considère le récent renforcement des liens entre l’Inde et les États-Unis et ses alliés occidentaux (à l’exception du Canada). Dans le même temps, les efforts déployés par les BRICS pour parvenir à une cohésion interne et à des réalisations concrètes font qu’il est peu probable qu’ils représentent une menace significative pour l’Occident, ce que l’Inde ne souhaite d’ailleurs pas.
Le résultat le plus probable du récent sommet, comme l’indique la déclaration commune, est un engagement des BRICS en faveur d’initiatives de collaboration axées sur le changement climatique, l’enseignement supérieur, la santé publique, la science et la technologie, entre autres domaines. Cette coopération impliquerait que les États membres travaillent ensemble plutôt que contre l’Occident, ce qui signifie un arrangement favorable pour l’Inde. Ces collaborations dans des domaines non controversés démontreraient que l’ascension des BRICS ne nécessite pas l’inconfort de l’Occident, ce qui rassurerait après le sommet très suivi de Russie, qui a probablement attiré l’attention des capitales occidentales.
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