Le contrôleur aérien européen Eurocontrol se montre plus pessimiste qu’auparavant quant à l’impact du coronavirus sur le trafic aérien au-dessus du continent. Il prévoit ainsi pour cette année moins de la moitié du nombre de vols en 2019, ce qui pourrait entraîner une perte de 140 milliards d’euros de chiffre d’affaires pour le secteur de l’aviation.
En avril, Eurocontrol supposait encore que le trafic aérien se redresserait progressivement à partir de ce moment, de sorte qu’à la fin de l’année, il ne serait plus qu’un cinquième en dessous du niveau de 2019. Sur l’ensemble de l’année, il y aurait alors eu 45% de vols en moins – soit cinq millions – qu’en 2019. Mais ce scénario n’est plus valable car le mouvement de reprise s’est arrêté en août, constate l’organisme européen. Le contrôleur aérien s’attend à ce que le nombre de vols reste aux alentours de 40 à 50% du nombre normal dans les mois à venir.
Cela signifie qu’il y aurait finalement 55% de vols en moins – soit six millions – sur l’ensemble de l’année 2020 par rapport à l’an dernier. Les dommages causés au secteur (compagnies aériennes, aéroports et contrôleurs aériens) s’élèveraient à 140 milliards d’euros, soit 30 milliards de plus que l’estimation faite en avril.
‘Les conseils de quarantaine tuent l’industrie de l’aviation’
‘Nous faisons maintenant marche arrière et c’est très inquiétant pour l’ensemble du secteur’, commente Eamonn Brennan, patron d’Eurocontrol. Il appelle dès lors à une plus grande coordination entre les pays et entre l’Europe et les États-Unis. ‘Cela crée beaucoup de confusion et diminue encore la confiance des passagers. Il n’y a pas de politique qui donne aux passagers, aux aéroports et aux compagnies aériennes une prévisibilité’, fustige-t-il.
Le responsable pointe aussi l’augmentation actuelle du nombre d’infections en de nombreux endroits en Europe. ‘Les conseils de voyage négatifs et les obligations de quarantaine du gouvernement tuent l’industrie de l’aviation et du tourisme’, alerte-t-il. Eamonn Brennan préconise des accords internationaux sur les tests et les seuils épidémiologiques. Il se félicite d’ailleurs des propositions de la Commission européenne pour une approche commune.