Il n’y aura pas de baisse de la TVA sur l’énergie: quelles options reste-t-il sur la table ?

Le Premier ministre a été bombardé de questions hier à la Chambre par rapport à la flambée des prix de l’énergie. Alexander De Croo (Open VLD) a enterré la baisse de la TVA de 21 à 6%, proposée par le ministre des Finances Vincent Van Peteghem (CD&V). Chaque parti y va de sa proposition.

Dans l’actu: La Vivaldi, comme souvent, a bien du mal à s’entendre sur une mesure commune.

  • On comprend toutefois au travers de l’intervention du Premier ministre qu’il s’agira d’une mesure ciblée, temporaire et qui ne pèse pas trop sur les finances publiques. Ce qui exclut automatiquement la baisse de la TVA qui ne répond pas à deux critères sur trois.
  • Le PS insiste pour son chèque de 200 euros à destination de la classe moyenne. Les modalités restent à définir, mais les socialistes visent les revenus en dessous du salaire médian qui est de 3.500 euros bruts par mois.
  • Cette idée ne plait pas du tout au MR, pour qui ce chèque ne règle rien du tout à long terme. Il s’agit en outre, selon eux, d’un chèque pour la classe moyenne et payé par la classe moyenne. « L’argent ne pousse pas sur les arbres », entend-on de la part de plusieurs élus, qui répondent à Paul Magnette qui envisageait, dans La DH, de distribuer des chèques pour les 30 prochaines années, le temps que le renouvelable soit à son plein potentiel.
  • Les libéraux privilégient le mécanisme du cliquet inversé, déjà évoqué en novembre dernier. Concrètement, il s’agit d’un mécanisme qui baisse les accises si un certain seuil de prix (publié chaque jour par le SPF Économie) est dépassé. Cette baisse du montant de la facture enclenche automatiquement une baisse de la TVA.
  • Le PTB veut lui rallier les partis de gauche sur une baisse de la TVA. C’est tentant, mais cela ferait imploser la Vivaldi. Pas très réaliste donc. Les communistes marquent toutefois un point en pointant du doigt les superprofits d’Engie: plus les prix grimpent, plus la multinationale s’enrichit. En Espagne et en Italie, on compte taxer ces superprofits pour diminuer la facture des ménages.
  • Du côté d’Ecolo/Groen, c’est plutôt le statut quo. on veut jouer sur les taxes fédérales pour aider les plus fragiles (avec la réforme qui existe déjà), tout en poussant à réduire la consommation d’énergie. Chacun est finalement dans son rôle.
  • Les libéraux flamands préparent une proposition qui viserait les ménages dont la facture d’acompte a explosé.
  • L’horloge tourne: la Vivaldi négocie, sur la place publique, comme à son habitude. Le consommateur attend. La baisse de la TVA à cet avantage d’avoir un effet immédiat. Les modalités d’un chèque peuvent a contrario mettre longtemps à être négociées.

Ailleurs: L’imam Toujgani est interdit de territoire.

  • Suite à un rapport de la Sureté de l’État révélé par Le Soir, le secrétaire d’État à l’Asile et à la Migration Sammy Mahdi (CD&V) a retiré le permis de séjour à Mohamed Toujgani, l’imam de la plus grande mosquée du pays, où plus de 3.000 fidèles se rassemblent chaque vendredi.
  • Le Marocain qui est arrivé il y a 40 ans en Belgique, « représente un danger », tant au niveau de l »extrémisme » islamique que de « l’espionnage » pour le compte du Maroc, accuse le rapport.
  • Conservateur, polygame, ne parlant pas un mot de français ou de néerlandais, l’imam est surtout pointé du doigt par les services secrets pour ses prêches incitant à la haine et à la violence. « Il a directement favorisé la diffusion d’idées racistes ou discriminantes contre les communautés juive et chiite auprès de son audience », ayant une dent contre Israël dans le conflit qui l’oppose à la Palestine. On lui reproche aussi ses accointances avec les Frères musulmans.
  • Les défenseurs de l’imam voient Toujgani comme un modéré, pas un radicalisé. L’Exécutif des Musulmans de Belgique (EMB) a toutefois préféré éviter de soutenir publiquement l’imam « dans une affaire strictement privée ».
  • Le débat politique s’est embrasé quand le député cdH Ahmed El Khannouss est venu soutenir l’imam dans un post sur Facebook: « On lui reproche des propos tenus il y a 10 ans ! Propos où il utilisa des termes crus ! »
  • Le sang du président du MR, Georges-Louis Bouchez, n’a fait qu’un tour: « Cet imam a appelé à « brûler les juifs » et Monsieur El Khannouss parle de « termes crus » ? Cette banalisation de l’antisémitisme est profondément ignoble et inacceptable. Le cdH peut-il cautionner cela sans renier son humanisme ? Ce silence est assourdissant. » Ces propos ont bien été tenus dans une vidéo qui date de 2009 et qui a refait surface, à l’encontre « des sionistes oppresseurs ».
  • La bourgmestre de Molenbeek Catherine Moureaux se demande elle si Madhi possède de nouveaux éléments pour justifier sa décision ? En effet, le 1er octobre, le tribunal de la famille de Bruxelles reconnaissait à l’imam son droit à demander la nationalité belge, estimant qu’il ne représentait pas un danger pour la société. Les accusations de la Sureté de l’État ont été jugées à l’époque comme pas assez étayées. Le Parquet avait décidé de faire appel.
  • Bouchez tombe une nouvelle fois de sa chaise: « De nouvelles informations Catherine Moureaux ? Appeler à « brûler les juifs », ce n’est pas assez pour être expulsé ? L’électoralisme de bas étage ne permet pas tout ! Comment le PS peut-il cautionner la banalisation de l’antisémitisme ? Bravo Sammy Mahdi pour ton courage ! ».
  • Le cdH a convoqué le député après ses propos, annonce La DH.

Cumul: Bouchez va devoir se séparer d’un mandat.

  • Le président du MR fait l’actualité, parfois volontairement, parfois involontairement. Le Vif a déniché un cumul qui dure depuis 2019 (!). Selon la législation wallonne, « le mandat d’administrateur public est incompatible avec le mandat ou les fonctions de: (…) membre du Parlement européen, des Chambres législatives fédérales ou d’un parlement de Région ou de Communauté », précise l’article 8 du décret relatif au statut de l’administrateur public.
  • Or, Georges-Louis Bouchez est toujours sénateur et président de Sparkoh’ (ex-PASS), pour lequel il n’est toutefois pas rémunéré. Le libéral s’en défend: « Ce n’est pas une bourde. Le greffe du Sénat n’a rien dit, la Cour des comptes n’a rien dit, et le parlement et le gouvernement wallon n’ont rien dit. Il y a des dizaines de fonctionnaires qui ont estimé que ce n’était pas un problème. »
  • Nul n’est toutefois censé ignorer la loi. Reste à savoir quel mandat le président du MR va mettre de côté, si une notification officielle lui demande de se retirer: celui de sénateur qui paye 7.000 euros par mois ou celui du PASS qui ne rémunère rien ? Le fait est que le salaire de Bouchez comme président du MR est déjà plafonné (18.900€ brut), cela ne lui changera donc rien à titre personnel. Mais une partie de son salaire ne sera plus rémunéré par le Sénat en cas de première option, et donc l’entièreté de la charge reviendra à son parti.
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