La chaine de télévision allemande WDR vient de révéler qu’Ikea avait noué des liens avec le régime communiste de l’Allemagne de l’Est dans les années 1970, qui lui avaient permis de faire travailler des prisonniers pour fabriquer des canapés.
L’usine de Waldheim était bâtie à proximité d’une prison d’où étaient issus les détenus contraints de travailler sans rémunération dans les ateliers du géant du meuble. Dans un dossier de la Stasi, Ingvar Kamprad, le fondateur d’Ikea était cité, affirmant qu’il n’ était pas au courant que ses usines avaient employé des prisonniers, mais que dans l’hypothèse où elles l’auraient fait, cela aurait été « pour le bien de la communauté ».
Du temps de la République Démocratique d’Allemagne (RDA), jusqu’à 20% des détenus des centres pénitentiaires pouvaient avoir été emprisonnés pour des raisons politiques. Hans Otto Klare avait été l’un d’eux. Il avait été envoyé à Waldheim pour avoir tenté de fuir en Allemagne de l’Ouest. Il était employé à fabriquer des charnières et d’autres composants pour les meubles. « Notre équipe de travail vivait à l’étage supérieur de l’usine, avec les fenêtres occultées », a-t-il expliqué à WDR. « Les machines étaient au rez-de-chaussée, et on ne vous accordait que très peu de repos. Sur le sol de l’usine, vous n’aviez rien pour pouvoir vous assoir correctement, et il n’y avait ni protections auditives, ni gants. Les conditions y étaient plus primitives que dans le reste de la RDA. C’était du travail d’esclave ».
Sabine Nold, une des porte-parole de la société Ikea, n’a pas commenté ces informations, si ce n’est pour observer que les pratiques de la société avaient changé sur les 25 dernières années. La compagnie s’est défendue d’avoir eu connaissance de l’utilisation de prisonniers, et s’est déclarée désolée pour le cas où cela s’avèrerait exact.
Kamprad a créé Ikea en 1943, alors qu’il n’avait que 17 ans. En 1994, il avait été rendu public qu’il avait brièvement rejoint un mouvement fascisant en 1942, le Nouveau Mouvement Suédois.