Google était à la pointe de la recherche sur les IA génératives comme ChatGPT. Mais Microsoft aimerait lui rafler la mise sur ce futur marché qui, pour l’instant, reste fort théorique. Car ce genre d’outil n’a pas encore de véritable usage pour le public.
La guerre de l’IA est déclarée : Google confronté au « dilemme classique de l’innovateur » tandis que Microsoft veut lui rafler le marché

Pourquoi est-ce important ?
ChatGPT, l'IA capable d'apprendre à peu près tout sans qu'on sache vraiment où cela va nous mener, suscite l'intérêt tant du grand public que des grands investisseurs. Reste maintenant à lui trouver des applications commerciales qui ne tiennent pas du simple gadget. La course à la rentabilité est lancée.Dans l’actualité : la semaine dernière, Microsoft a lâché une enveloppe de plusieurs milliards d’investissements dans la société de recherche en intelligences artificielles OpenAI, à l’origine du fameux programme ChatGPT qui défraie la chronique.
- Le géant de la Tech prend ainsi les devants pour adjoindre à ses produits toute version commercialement intéressante du programme qui, pour l’instant, reste avant tout une boîte de discussion automatique plus perfectionnée que les autres. Même si sa capacité d’apprentissage et d’autocorrection reste fascinante.
- Objectif assumé de Microsoft : couper l’herbe sous le pied de son grand concurrent Google, pourtant à l’origine d’une bonne part des grandes innovations technologiques derrière le développement des IA avec son pôle Google Brain, et différentes sociétés rachetées telles que DeepMind, basé à Londres.
L’inventeur tire rarement le gros lot
Google devrait donc être en première ligne pour obtenir les bénéfices de l’engouement pour les IA, quand on leur aura trouvé une utilisation commerciale destinée au grand public, mais ça n’est pas le cas. Pourtant, la firme de la Silicon Valley dispose de certains des modèles de langage les plus avancés, comme PaLM, trois fois plus imposant que GPT.
- « Nous nous concentrons depuis longtemps sur le développement et le déploiement de l’IA pour améliorer la vie des gens. Nous pensons que l’IA est une technologie fondatrice et transformatrice qui est incroyablement utile pour les individus, les entreprises et les communautés », a lâché Google dans un communiqué, rappelle le Financial Times. La firme affirme faire très attention aux éventuels « enjeux sociétaux » derrière de tels programmes.
- C’est tout à son honneur, mais selon Sridhar Ramaswamy, ancien cadre supérieur de la firme californienne, il s’agit plutôt d’un exemple typique de « dilemme classique de l’innovateur » : Google a développé un outil qui ne correspond pas au mieux à son modèle économique. Il a calculé qu’indexer par une IA toutes les pages Web d’un index de recherche coûterait la bagatelle de 120 milliards de dollars, relève le quotidien britannique. L’innovation est réelle ; elle n’est tout simplement pas rentable pour un modèle économique basé sur les recherches classiques.
- En outre, les IA déjà développées ont souvent eu tendance à reproduire les comportements humains les moins positifs, en particulier les discriminations en tout genre et les discours de haine, omniprésents dans les données tirées du Web. Le genre de comportement qui fait mauvaise presse : Google ne veut pas voir son logo sur une future IA grand public qui se révélerait profondément raciste.
- Google n’est d’ailleurs pas la seule firme à préférer ne pas voir ce genre de programme sortir de si tôt de ses centres de recherche et développement. « Si Google et Meta n’ont pas sorti des IA de type chatGPT, ce n’est pas qu’ils ne le peuvent pas, mais parce qu’ils ne le veulent pas » résumait ainsi récemment le chercheur français en intelligence artificielle Yann Le Cun. « En publiant des démonstrations publiques qui, aussi impressionnantes et utiles qu’elles puissent être, présentent des défauts majeurs, les entreprises établies ont moins à gagner et plus à perdre que les startups avides d’argent. »
L’IA générative existe, c’est un fait. Mais son fonctionnement est encore trop hasardeux pour que de grandes firmes technologiques se lancent dedans à cœur perdu, alors qu’elles sont elles-mêmes de plus en plus étroitement surveillées pour leur rôle social, en particulier sur la question de la véracité de l’information.
- Des enjeux qui d’ailleurs n’épargnent pas Microsoft ; si la firme a sauté sur l’occasion de doubler sa grande rivale, elle n’a pour l’instant pas émis de pistes concrètes pour un usage commercial de ce genre d’IA.