Ce que tout le monde redoutait est une réalité : l’IA fait déjà son trou dans les élections présidentielles américaines

Ce que tout le monde redoutait est une réalité : l’IA fait déjà son trou dans les élections présidentielles américaines
Getty Images

La popularité croissante de l’intelligence artificielle, ainsi que les progrès technologiques réalisés dans le secteur depuis des mois, fait craindre le pire pour les prochaines élections présidentielles américaines. Alors que les fake news étaient déjà monnaie courante par la passée, la désinformation pourrait exploser avec l’IA. Et force est de constater que c’est déjà le cas.

L’actualité : la voix de Donald Trump a été dupliquée par intelligence artificielle et utilisée dans une publicité visant à attaquer l’ancien président des États-Unis.

  • Ce sont des partisans du candidat Ron DeSantis, membres du comité d’action politique « Never Back Down », qui sont à l’origine de cette publicité.
  • Et si le fond du message n’a rien de mensonger, la forme pose question puisqu’elle n’est pas d’origine. Elle a en effet été manipulée.

Le détail : Donald Trump n’a pas prononcé le message de vive voix. Il l’a cependant écrit sur son réseau social bancal, Truth Social, souligne Politico.

  • « J’ai ouvert la voie de poste de gouverneur à Kim Reynolds et, lorsqu’elle a pris du retard, je l’ai soutenue, j’ai organisé de grands rassemblements et elle a gagné. Maintenant, elle veut rester neutre et je ne l’invite pas à des événements », peut-on entendre lire la voix de Trump dans le spot publicitaire (voir plus bas).
  • Mis dans un certain contexte, les propos tenus par Trump le mettent en défaut. La vidéo vise essentiellement à nuire à sa réputation en remettant en cause sa couleur politique.
https://www.youtube.com/watch?v=LKQiTpiPN7I

L’IA, la désinformation et les élections

Dans la situation actuelle, on ne peut pas véritablement parler de fake news puisque Donald Trump a bien tenu ces propos, mais à l’écrit. Les agissements de Never Back Down peuvent cependant être qualifiés de deepfake puisque ceux-ci ont utilisé la technologie qu’est l’intelligence artificielle pour imiter la voix du magnat de l’immobilier et le faire parler.

En réalité, ce n’est pas la première fois que le groupe de supporters a recours à l’IA. Ils l’avaient déjà utilisé dans un spot publicitaire pour DeSantis.

https://www.youtube.com/watch?v=p2nGYqO0nQk
  • Dans cette vidéo, ils ont ajouté les avions qui passent derrière DeSantis, insufflant une image héroïque au candidat à la présidence américaine (vidéo originale).
    • Une manipulation de la réalité, certes, mais qui s’intégrait dans un spot publicitaire très construit comme on peut en voir par dizaine.
  • En copiant la voix de Trump, on passe une étape puisqu’ils ne se contentent plus d’enjoliver les choses, mais utilisent l’IA pour attaquer un opposant à leur candidat.
  • Mais plus encore, cette montée en puissance du recours à l’IA pose question sur la place que prendra cette technologie lorsque la course à la présidence sera véritablement lancée.
    • Le mois dernier, l’ancien PDG de Google, Erich Schmidt mettait déjà en garde contre l’IA lors des prochaines élections présidentielles américaines.
    • Deux semaines plus tard, la réalité a déjà montré que le risque était réel.

À l’avenir : dans le cas présent, le résultat n’est pas optimal. En revanche, on peut aisément imaginer que les outils mis à disposition au cours des 6 à 9 prochains mois pourraient donner lieu à des deepfakes plus convaincants encore et permettre la diffusion de fake news mettant en scène les candidats à la présidence des États-Unis, lorsque la campagne atteindra son paroxysme.

  • Qu’est-ce qui empêchera les candidats ou leurs partisans d’utiliser l’IA pour disséminer de faux messages de leurs adversaires ?
  • Car si l’EU se presse pour encadrer l’IA, les États-Unis semblent moins pressés.
  • Et, on l’a vu durant les précédentes élections américaines, les moyens mis en place pour lutter contre la prolifération de fake news étaient anecdotiques.

La réponse ne s’est pas fait attendre

En attendant, la vidéo des partisans de DeSantis n’a pas manqué de faire réagir du côté des défenseurs de Trump :

  • « L’utilisation flagrante de l’IA pour fabriquer la voix du président Trump est une tentative désespérée de Always Back Down [certainement un jeu de mots] et Jeff Roe [stratège de la campagne de DeSantis] de tromper le public américain parce qu’ils savent que la campagne de DeSanctimonious est sous assistance respiratoire« , a déclaré Chris LaCivita, conseiller principal de la campagne Trump. « Après avoir perdu de gros donateurs et réduit leur personnel, ils ont maintenant sous-traité leur travail à l’IA, tout comme ils aimeraient sous-traiter des emplois américains en Chine. »

À noter : Donald Trump n’est pas qu’une victime dans l’histoire puisque l’ancien président américain avait déjà eu recours à l’IA pour se moquer de nombreuses personnalités publiques – entre autres – dont Ron DeSantis.

  • En mai, il a en effet partagé sur son compte Instagram – publication toujours visible –, ainsi que sur Truth Social, une vidéo dans laquelle on peut entendre DeSantis interagir avec Elon Musk, le milliardaire George Soros, le président du Forum économique mondial Klaus Schwab, l’ancien vice-président des États-Unis Dick Cheney, le FBI… Ainsi qu’avec le diable et Adolf Hitler. Rien que ça.
    • Des participants qui ne laissaient évidemment aucun doute sur la non-authenticité de la chose, mais tout de même.
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