Une nouvelle fois, la Hongrie entre en conflit avec l’Union européenne. Cette fois-ci, le problème est une nouvelle loi européenne visant à garantir la liberté de la presse. Selon la Hongrie, l’UE ne peut pas imposer cette loi sans autre forme de procès.
Dans l’actualité : Une loi européenne sur la liberté de la presse cible principalement le manque de celle-ci en Hongrie.
- L’objectif de la European Media Freedom Act est notamment de garantir l’indépendance de la presse et de prévenir les ingérences politiques. Elle vise également à protéger les journalistes contre le piratage et les logiciels espions et à éviter une concentration excessive des médias.
- Le parti hongrois Fidesz, dirigé par le Premier ministre Viktor Orbán, contrôle environ 80 % des médias du pays. Par conséquent, certains ont perçu cette loi comme un message clair de l’UE à l’égard de la Hongrie. L’ONG Reporters sans Frontières constate également un recul de la liberté de la presse en Hongrie, « en raison du démantèlement systématique de la loi et d’un glissement vers l’autoritarisme dirigé par le Premier ministre Orbán ».
- La Hongrie n’accepte pas les règles sur la liberté de la presse que l’UE veut imposer. Elle exige donc l’abrogation de la loi et poursuit à la fois le Conseil de l’UE et le Parlement européen en justice. Un porte-parole du ministère hongrois des Affaires européennes a expliqué à Politico que la loi « couvre des domaines pour lesquels l’UE n’a pas de compétence législative ».
- Le porte-parole affirme que la loi sur la liberté de la presse crée un précédent : « Cela pourrait déséquilibrer les pouvoirs tels qu’ils sont définis dans les traités de l’UE. Cela augmenterait significativement le pouvoir de l’Union, au détriment des États membres ».
Question fondamentale
Zoom arrière : Une lutte protectionniste continue entre l’Union européenne et la Hongrie.
- En novembre 2023, la Hongrie a déjà adopté une loi dite de « souveraineté » visant à détecter les activités « menaçant la souveraineté de la Hongrie ». Orbán a affirmé que cela était nécessaire en raison d’une ingérence étrangère excessive. La loi a immédiatement suscité des critiques, car les journalistes craignaient d’être surveillés.
- L’UE a ensuite partagé ces critiques en février. Cela a été l’une des raisons pour lesquelles la Hongrie n’a pas eu accès aux fonds de relance du plan de relance post-COVID.
- Maintenant, Orbán contre-attaque. Une question fondamentale est alors soulevée. Dans quelle mesure l’Union européenne peut-elle intervenir dans la politique d’un autre pays ? Plus précisément, il s’agit de l’interprétation de l’article 114 du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, qui traite du marché unique de l’Union et de la manière dont celui-ci peut être maintenu par l’intervention européenne.
- D’ailleurs, la Hongrie n’est pas le seul pays à s’interroger sur cet article. Les gouvernements régionaux allemands souhaitent également que l’UE n’intervienne pas trop dans les différents textes législatifs sur les médias et l’organisation des radiodiffuseurs publics.
Boycott contre la Hongrie
À noter : Le timing de l’action en justice est particulièrement frappant.
- L’action en justice contre le Conseil de l’UE et le Parlement européen a été déposée le 10 juillet, après que la Hongrie a pris la présidence tournante du Conseil de l’UE, succédant à la Belgique. Cela rend le timing particulièrement embarrassant : le pays intente donc une action en justice contre un Conseil dont il est président pendant six mois.
- En Hongrie, cela ne semble pas poser de problème, mais cela souligne une fois de plus les divergences de vues sur cette présidence. La Hongrie estime qu’elle peut agir de manière indépendante, tandis que la Commission européenne et les autres États membres insistent sur le fait que la Hongrie doit servir d’exemple.
- C’est pourquoi les visites d’Orbán à Vladimir Poutine, Xi Jinping et Donald Trump sont si sensibles. La Hongrie considère qu’il n’est pas nécessaire qu’elles soient couvertes par l’UE. Les 26 autres pays ne partagent pas cet avis, ce qui a entraîné un boycott.