Le président russe traverse une mauvaise passe : son armée recule et a perdu toute crédibilité, la mobilisation secoue l’opinion publique dans son pays et la résolution ukrainienne semble solide. Mais il espère encore voir les premières fissures apparaître bientôt, parmi les alliés de Kiev.
L’hiver et les midterms : les deux moments que Poutine attend impatiemment

Pourquoi est-ce important ?
Si la guerre en Ukraine prend un jour favorable pour les Ukrainiens, elle est loin de s'achever et la Russie continue sa campagne de bombardement des centres urbains. Poutine ne veut pas lâcher l'affaire, et il espère encore que, plus à l'ouest, la solidarité avec l'Ukraine s'effrite.Le contexte : Les États-Unis ont déjà déboursé l’équivalent de 18 milliards de dollars en aides militaires diverses pour l’Ukraine, décompte CNN, et Joe Biden reste accroché à une même ligne : ne jamais lâcher une Ukraine démocratique.
Midterm aux États-Unis
- Mais le président américain de 79 ans arrive à la moitié de son mandat, et donc aux fameuses élections qui verront les 435 sièges de la Chambre des représentants et le 35 des 100 sièges du Sénat remis en jeu. Et avec un bilan économique à charge, les républicains espèrent bien reprendre les choses en main.
- Les élections se tiennent le 8 novembre prochain, et si les démocrates défendent toujours un programme d’aide à l’Ukraine et d’appel à de vraies négociations de paix vers la Russie, c’est moins clair du côté du GOP. Du côté des anciens alliés de Trump, le soutien à Poutine reste une opinion palpable, même si ce n’est pas la seule au sein du Parti républicain. Le leader de la minorité Kevin McCarthy a déjà annoncé que, bien qu’il supporte l’aide à l’Ukraine, pour lui, il ne faut plus que ce pays s’attende à un nouveau « chèque en blanc« . Or, il sera vraisemblablement le prochain président de la Chambre des représentants.
Hiver en Europe
Quoi qu’ils en disent, les Européens n’ont pas encore froid. Les températures sont douces, mais ils craignent que cela ne finisse par changer. Et Poutine, lui, ne demande pas mieux.
- Dans un contexte de crise énergétique et de hausse des prix, un hiver rude ferait mal au portefeuille des Européens. Et Poutine n’attend que ça, dans l’espoir de voir fondre la solidarité à l’égard de l’Ukraine quand les ménages occidentaux verront les conséquences de la guerre sur leurs économies.
- Le président russe peut aussi espérer un retour de la contestation sociale, en particulier dans des pays comme la France, où un président mal-aimé et mal élu provoque régulièrement des montées de fièvre, en particulier sur le pouvoir d’achat.
- Sur ce point, la Russie dispose d’ailleurs d’un atout : tout un réseau d’alliés plus ou moins conscients, en particulier au sein des extrêmes droites européennes. Toutes ne sont pas à sa botte, comme la nouvelle Première ministre italienne Giorgia Meloni qui soutient l’Ukraine, mais sa coalition des droites au pouvoir montre déjà ses premières fissures à cet égard.
- S’il n’y a pas d’autre élection majeure prévue dans l’UE, Poutine peut profiter de ces réseaux d’extrême droite pour saboter le débat social et faire montrer la grogne au sein des pays européens, dans l’espoir, là encore, de saper le soutien à l’Ukraine.